Une histoire de démon.

Décidément rien ne se passe comme prévu. J'avais des doutes sur les relations que Kagetora et Rouka entretenaient,
finalement ils agissaient comme des rivaux. Rouka collectionnait des artefacts faisant partie d'un démon selon une
légende. Quant à Kagetora, en plus de ses activités de service aux vivants, pouvait aussi servir les morts?

Je repensais aux paroles de celui-ci.

*J’aurais pu, mais les morts ne me l’auraient pas permis, aussi en une journée, tu seras capable de la
vaincre, je te donnerai alors un petit programme d’entrainement simple qui te permettra d’utiliser beaucoup mieux tes
muscles, tu pourras considérer ça comme un second cadeau d’un ami, je pense qu’en tant que marine savoir te battre est important.*

Ne serait-ce que le vocabulaire employé me mettait la puce à l'oreille, ces deux-là se livrait à une chasse au trésor où tous les coups sont permis. Drôle d'amitié...je ne jugeais pas le bon ou le mauvais côté d'une telle relation mais plutôt
ce qu'elle impliquait ici. J'y étais désormais mêlé et sans le vouloir j'étais passé du côté de Kagetora.

J'arrivais maintenant à jongler machinalement, sans  effort ni excès de tension dans le haut du corps.

-Maintenant passons au match.

-Je comprends l’intérêt de cet entrainement pour le haut du corps. Mais au basket le jeu de jambes ne compte-il pas?

-J'ai déjà observé tes mouvements. Ton jeu de jambes est plus que correct, cela est surement dû à un entrainement dans des conditions très variées. On ne court pas de la même façon dans du sable ou sur un terrain rocailleux.

*J'avais en effet été entrainer par mon père dans des conditions multiples mais surtout éprouvantes, garder des forces pour la suite et faire de son mieux pour survivre... Étant donné le peu de temps dont nous disposons cette économie est la bienvenue. *

Nous passions donc à la partie la plus ardue de l'entrainement, la technique! Si j'avais la condition physique pour jouer,
je n'avais pas la même expérience de jeu que Rouka. Kagetora comptait bien remédier à ce problème.J'avais compris le principe; une force justement dosée rendra tous les mouvements plus efficaces sans consommation excessive d'énergie. Être plus endurante et plus forte ne suffirait pas...

~~ ~~                                            JOUR DE MATCH                                            ~~ ~~

Nous étions prêtes l'une en face de l'autre dans le cercle au centre du terrain. Kagetora serait l'arbitre du match. Je craignais au départ son parti pris. Mais en y réfléchissant pourquoi accepter un défi et tricher s'il suffisait de refuser. Il est aisé de deviner que ne serait-ce que par politesse je n'aurais pas repris mon présent. Surement, que dans leur rivalité Kagetora voulait lui montrer qu'elle ne pourrait toujours obtenir ce qu'elle veut.

Il me fallait maintenant me concentrer, j'étais là pour jouer, mais aussi pour gagner!

-Rappel des règles! Les règles concernant le duel sont celles du basket! Le vainqueur est le premier à mettre trois paniers.

La balle était dans les airs parfaitement entre nous. Rouka ne fit pas l'effort d'aller la chercher. Elle attendit simple que je redescende pour me subtiliser la balle. Je m'attendais pas à une telle fourberie...du moins pas dès les premières secondes du match. Ainsi elle tenta de me prendre de vitesse, seulement j'étais un peu plus rapide et je rattrapais Rouka au moment où elle entra dans la raquette.

Je me plaçais devait elle juste quand elle tendit ses bras pour dessiner la trajectoire de la balle. Surprise, elle fut tenter de recapturer la balle. Mais trop tard la balle partait, et retombait mollement dans mon dos. J'aurais pu la laisser sortir mais dans le feu de l'action je passais à l'offensive. Rouka me colla aux basques jusqu'à la raquette, là je m'élançais...

-Dunk!! s'écria un père accompagné de ses deux fils. Visiblement ils voulaient profiter de cette matinée pour se balader. Je me retournais vers Rouka et je lui adressais un grand sourire victorieux. Je n'aimais pas l'admettre mais Kaiki avait raison avec mes capacités physiques je pouvais concurrencer Rouka!


A son tours elle me jeta un regard plein d'assurance.

-Mina~~Mina~~ Je vais gagner c'est couru d'avance. Ces murmures m'étaient clairement destinés. Elle pouvait parler mais je menais un zéro, et il était hors de question qu'elle remonte au score.

La balle était dans son camp... Sur la ligne au fond du terrain Rouka m'adressait un sourire narquois. Je n'avais pas le droit d'être trop proche de façon à lui laisser une marge de manœuvre. Sinon, le match serait plié, il suffirait de lui subtiliser la balle et de refaire ce que l'homme avait appelé un "Dunk".

Rouka dribbla deux fois, puis fit son premier pas. L'heure était à l'offensive. Un deuxième panier serait décisif car il mettrait une distance entre elle et la victoire! Je lui fonçais dessus. Elle n'avait aucune chance d'échapper à mon rush. La balle n'était plus dans ses mains, je levais les yeux suivant la trajectoire que suivaient ses doigts, au bout de ses bras tendus.

*Elle tire à cette distance?!*

La balle traversa un peu plus des trois quarts du terrain pour atterrir dans mes filets. Je me retournais vers Rouka stupéfaite.

-Un magnifique trois points! Hurla un des fils du promeneur.

-Un jeu offensif intéressant pour une débutante, mais Kai..getora, n'aurait pas du me sous-estimer!

Inutile de répondre à la provocation car j'avais de nouveau la balle et une occasion de reprendre l'avantage. Rouka était prête à m’accueillir. Elle chargea, comme je l'avais fait précédemment, dès mon premier pas. Elle savait pertinemment que contrairement à elle je ne pourrais pas me soustraire de son marquage à la culotte.

En réalité elle n'était pas la seule à savoir que je ne pourrais pas lui échapper, son expérience ici jouait un rôle-clé. Elle tendait les bras couvrant une zone maximale. Je ne pouvais qu'essayer de passer jusqu'à commettre une erreur, étant  proche de mon propre panier.

Rouka!je marquais une pause, ses yeux tombaient dans les miens. Alors je lui lançais la balle.Attrapes! Ces bras rattrapèrent la balle en toute hâte, c'était un réflexe elle ne pouvait faire autrement.

Je me remémorais ce moment de l’entrainement ou moi-même j'avais été prise au dépourvu par se tour de passe-passe.

Durant l'entrainement avec Kagetora nous avions ainsi commencé des séries d'attaques défense pour augmenter mon niveau technique. Kagetora montrait alors toute l'expérience qu'il avait du basket. Je me plaçais face à lui les bras tendus pour couvrir un maximum de terrain.

Impossible de passer sans être pris dans ma défense d'acier. Grâce à son exercice de jonglage j'avais mes réflexes
aiguisés, et l’œil concentrer sur ma balle. Celle-ci se rapprochait jusqu'à être entre mes mains.

*Quoi?!*

La balle me fonçait dedans, et par réflexe je l'attrapais, puis aussitôt Kagetora je la repris. J'étais cloué par la surprise. Il avait vu que j'étais concentré sur la balle... Le temps que je redémarre la balle était déjà en train de glisser dans les filets avant de retomber au sol.

-Avec la force et la vitesse dont tu disposes tu pourras mettre une pression considérable sur son jeu
rapide et technique. Avec une telle gêne elle commettra tôt ou tard l'erreur d'être trop rigide sur sa défense.

L'homme semblait avoir parfaitement saisi le style de jeu de Rouka, et savait d’ores et déjà comment j'allais le contrer.
Kagetora m'entraîna donc pour cette première feinte, très efficace pour briser une défense trop rigide.

J'avais immédiatement récupéré à la balle comme à l'entrainement il me suffisait de foncer jusqu'au panier sans me laisser rattraper par une Rouka clouer sur place par mon subterfuge.

Je menais 2/1, et elle recommençait les mêmes manœuvres, quelques dribbles, et les yeux rivés sur mon panier...

Là encore elle fit le premier pas et je m'élançais. Je pris un maximum d’élan pour intercepter la balle. Je sautais, la sphère allait passer juste au-dessus de moi sans que je puisse rien y faire? Désespéré! Obstiné! Je donnais une impulsion en l'air, pendant une fraction de seconde je sentis une légère résistante sous mon pied. Puis un bruit claquement sous mon pied.

*Oui!!*

J'avais frôlé la balle du bout du doigt! La balle avait fini sa course sur le panneau avant de retomber. Quand à moi j'avais atterri, du moins mon corps...Durant un instant je voulus analyser ce qui venait de se produire. J'avais pu me donner un second élan alors que j'étais en l'air, comment? C'est l'ombre de Rouka courant vers mon panier qui me sortir de ce moment de réflexion.

Je l'interceptais juste à temps, avant qu'elle ne fasse son "dunk", malheureusement dans la précipitation, je lui rentrais dedans avec force. Je fus stoppé net par son bras droit. Nous retombions toutes les deux au sol. Elle ne lacha pas pour autant la balle et à peine remise du choc, ne prenant même pas le temps de se mettre debout elle lança la balle pour égaliser le score.

-D'où proviennent ces nouveaux bandages?

Cette force dans le bras droit, était équivalente à la mienne...

-Rien de grave Mina, concentres-toi sur le match.

Sceptique: relatif à une tournure d'esprit qui manifeste de l'incrédulité.

Imbécile: personne qui ne change pas d'avis.

J'étais sceptique mais je ne serais pas une imbécile.

-Je veux des explications! Pourquoi, as-tu cette chose... "collé" sur toi? Je haussais le ton. Je montrais un visage plein d’incompréhension, on aurait pu croire à de la panique, mais il n'en était rien. Une pensée me traversa l'esprit mais je ne pouvais admettre une telle possibilité sans explications de leur part.

Aucune explication ni de l'une ni de l'autre.

-Rouka... dis-je d'une voix ferme.

-Kagetora voulait voir, je lui ai montré. Pour ce qui est de nous il n'y a que le match qui m'importe. La réponse était tout aussi calme que la mienne était ferme.

Elle avait surement dans l'idée que tout ce passerait sur le terrain et uniquement là.

-Kagetora! Lui ne pouvait pas me refuser d'explication. Après tout il m'avait impliqué dans cette histoire, il se devait de m'informer des faits.

Du moins c'est ce que je pensais...

*Bande de faux frères!* Je m'énervais face à leurs manques de réponse. Puis la lumière me vînt.

*Que ce soit avec eux ou en tant que soldat, il y a toujours une partie des faits que nous ignorons. Faisant de nous en parties des outils ignorant les conséquences de leurs actes. Mes cher amis, vous saurez que la vérité peut se cacher, moi je la débusque!*

Qu'importe, qu'ils se murent dans le silence je découvrirais la vérité quand même. Les parties velues de Rouka n'étaient pas là, et hier à peine lors de notre affrontement elle ne les avait pas j'en suis sûre. Une greffe en une nuit? Les gens derrière ce trafique sont particulièrement dérangés. Mais pour autant, la pose de greffe aussi douteuse soit elle, n'est pas une infraction. Mais par amitié envers Rouka je me devais de l'avertir, quand ils auront rassemblé tout les morceaux de l'animal et qu'ils lui auront greffé, à quoi ressemblera-t-elle? Une sorte de chimère homme/singe?

Rouka s'éloigna, puis d'un geste de la main elle me fit signe de la lui rendre.

-A quoi cela rime-t-il? Tu deviendras quoi, une sorte d'hybride hideux?

Rouka sourit un peu comme si j'étais une idiote.

-Peut-être, cela nous empêchera-t-il de jouer? De rire? Ou même de manger ensemble?

-Non... Mais dans ce cas pourquoi cacher cela?N'es-tu pas toi-même gênée par ton apparence?

Elle était consciente que ressembler à un monstre ne gênerait pas notre amitié, mais elle que pensait-elle de tout ça?

*Je ne pouvais en être absolument sûre mais était-ce bien ce qu'elle souhaitait? Devenir une sorte d'hybride? Non j'en doute!*

Rouka commençait à s'énerver, les traits de son visage montraient son impatience, elle voulait clore le débat.

-J'ajoute un nouvel enjeu, si je gagne je récupère toutes les parties de la bête que tu possèdes. Je ne sais pas qui te force à faire ça... Mais je ne compte pas rester là les bras croisés pendant qu'on abuse de ta confiance.

-Abuser de MA confiance. Un sourire vînt s'accrocher à ses lèvres, comme si l'on lui exigeait de montrer ses dents sous la contrainte d'une arme.

-Reprenons...

Je m'interrogeais sur le fin mot de cette histoire. Mais pour le moment je devais arrêter Rouka dans sa folie... Chose antinomique, je devais d'abord lui rendre la balle.

Nous reprenions dans les mêmes positions. Je ne devais pas la laisser passer. Rouka, montra là tout son talent de joueuse, elle s'approcha de moi en dribblant. Elle me fixait droit dans les yeux, je fis de même, n'entendant que les rebonds de la balle sur le sol. C'était clair: "arrête moi si tu le peux!" Elle fit un dribble qui passait entre mes jambes, je détournais mon regard vers la balle, elle s'écarta profitant de ce moment pour passer ma défense.

Elle avait démarré très vite, je la poursuivis jusqu'à l'autre bout du terrain au moment où elle allait enfoncer littéralement la balle dans les filets j'arrivais sous le panier, je sautais à mon tour, faisais de ma main un barrage à l'entrée du panier.

-Mais... Tu n'as pas le droit! Kagetora! Apparemment Kagetora avait "détourner" les yeux lors de mon action. Je me fichais complètement que ce mouvement soit légal ou pas. Je rejetais la balle sur sa moitié de terrain. Elle rejoint le sol avant moi, je fonçais dès que j'eus le pied au sol, rattrapant Rouka en poussant sur mes jambes. J'avais cette impression étrange que le sol s'écrasait puis se détendait sous mes pas. En à peine deux foulées je rattrapais et dépassais Rouka. Je me concentrais, je n'aimais pas le tir à distance mais Rouka était trop près et je ne pouvais me permettre d'autres sauvetages in extremis de mon panier. Je sautais pour avoir la trajectoire souhaitée.

-Raaahhhh! Rouka surgit devant moi, elle ne laisserait pas passer le tir.

Je lançais la balle au-dessus de ma tête à la verticale, une feinte de tir, pour décontenancer mon adversaire, suivit d'un coup au but.

-Mirage Shoot!

Rouka qui avait mis le pied-à-terre avant moi ne pût que constater que le mirage shoot venais de clore la partie.

-Rouka...Rouka? Elle tremblait les yeux en larmes. Je pouvais pas voir son visage puisqu'elle me tournait le dos.

-Dis...Mina...la main...c'est Kaiki qui la garde n'est-ce pas?

Je ne comprenais pas là où elle voulait en venir, ni même de qui elle parlait. Jusqu'à ce que...

Rouka courait vers Kagetora! L'homme mut son corps de façon à esquiver la charge, mais... Chose incroyable Rouka se changeait... Sa vitesse devint même légèrement supérieure à la mienne. Elle s'empara de Kagetora.

-Sales tricheurs vous n'aviez pas l'intention de me le donner! J'en ai besoin, alors tu vas me dire tout de suite où elle est!

Rouka sous sa nouvelle forme:

J'attendais désespérément une ouverture pendant le discours, mais cette chose semblait attentive à tout ce qui l'entourait, et ce fut là sa faiblesse. Je ne pouvais pas me jeter sur elle,car elle épiait le moindre de mes gestes et pour me le faire comprendre elle n'hésita pas à même Kagetora dans la position d'un condamné à mort... Ma seule monnaie d'échange contre la vie du professeur de basket était la boîte contenant le morceau de singe. Chose étonnante elle sembla oublier Kagetora, et avança vers moi.

Kagetora prouvait encore une fois qu'il avait plus de ressources qu'il ne semblait avoir.  Il était libéré de l'étreinte du "démon"  puis par un procédé un peu flou l'avait maîtrisé...Une sorte d'hypnose progressive...

Il l'avait paralysé, elle était figée dans ma direction, le bras tendu telle la dernière œuvre de marbre d'un sculpteur inspirée. L'art est intemporel dit-on, Rouka objectait grâce à un argument brutal. Extrayant une force de titan de sa jambe démoniaque la chose, craquela le sol, grimaça dans son effort et enfin se libéra de l'emprise de Kagetora. L'art, visiblement elle s'en fichait... Je me préparais à l'assaut d'un démon furieux.

Dans l'espoir de sauver mon mentor au basket j'avais révélé la présence de la boîte renfermant le morceau de singe qu'elle convoitait. Il fallait donc s'attendre à ce qu'elle se jette sur moi. Mais ce ne fut pas le cas elle se retourna vers celui qui l'avait entravé, déterminer à ce qu'il ne puisse pas recommencer. D'un bond je m'interposais entre Kagetora et ce qui restait de Rouka.

-Que te reste t-il de santé mentale pour attaquer tes amis?

Elle posa le regard sur moi avec les yeux pleins de désir, non pas celui qui inspire les nuits d'amour. Mais ce même désir ardent qui brulent les mains d'un voleur sur le point de commettre un larcin. J'avais oublié que je tenais la boîte...

*Impossible de protéger la boîte et Kagetora en même temps!*

Je me retournais encaissant le coup qu'elle me donnait de sa main d'humaine. Je plaquais la boîte contre Kagetora. Inutile de se perdre en discours inutile, "prends ça et cours" était comme dire "il faut respirer pour ne pas mourir asphyxier". Je me retournais encore pour faire face au second coup cette fois ce fut le bras du singe qui frappa et malgré une garde de fer je reculais de deux bons mètres.

L'essentiel était fait Kagetora avait filé se réfugier en ville suivant le maigre public que nous avions.

-Ecartes-toi si tu ne veux pas être blessé!

Elle utilisa le tranchant de sa main, qu'elle abattu sans l'ombre d'un doute, sûre que je ne pouvais contenir le coup.
J'écartais le coup qui fut encaisser par le sol, y laissant une marque des plus impressionnantes. Son bras c'était littéralement enfoncer dans le sol. J'en profitais pour l'aider à se dégager à l'aide d'un coup de pied au niveau de l'abdomen.

*Visiblement les parties non transformée reste très sensibles...*

Je ne voulais pas blesser ce qui restait du corps de Rouka. Je préférais ne pas abimer celui-ci et lui démontrer, par la force s'il le faut, qu'à par la laideur ses greffes ne lui apportent rien.

Elle me rendit mon coup en même temps qu'elle dégageait son bras simiesque du terrain, donnant un coup de bas en haut. Je reculais pour esquiver et contre-attaquer après mettre propulser. A ma grande surprise Rouka eut le temps de me foncer dessus avant que je ne puisse reprendre appuie au sol. Sa vitesse était due à cette jambe! J'encaissais un violent coup de coude dans les côtes d'avant de m'écraser quelques mètres plus loin.

-Ne cherches pas à te relever je te le dis pour ton bien...

Je me relevais péniblement, secouer par le choc.

J'analysais son corps, la chimère était certes plus puissante que moi mais le fossé n'était pas tel que je ne puisse pas en venir à bout. Quant à son équilibre...

Je partais à l'assaut déterminé à mettre K.O cette chose prétentieuse. J'engageais un combat rapproché enchaînant coup de pied et direct pour ne lui laisser aucun répit. Rouka maitrisait parfaitement ce corps mal équilibré. Soit elle bloquait avec ses membres d'homme singe, soit elle profitait de la puissance de sa jambe pour effectuer des esquives efficaces.

C'est un"jion" qui me permit de passer au travers de sa défense, le coup de pied était direct et partait comme une flèche. Ma jambe partie du sol, genou plié, je libérais ma jambe tel un ressort devant moi, et pliais en deux mon adversaire en exerçant autant de force que possible sur son abdomen. Le coup était simple mais difficile à esquiver en close-combat.  Son corps courbé, offrait un maximum de prise. J'enchainais avec un harai goshi, je collais mon dos à son torse, puis en tenant son bras je décollais mon adversaire du sol et d'un balancement de ma jambe, mon adversaire glissait autour de ma hanche avant de se retrouver sol.

Je savais que des coups aussi simples fonctionneraient sur une personne non entrainée au combat rapproché. Mais ce serait peu efficace pour que cette sorte de mutant ai son compte. Je profitais qu'elle soit étaler au sol, pour lui asséner un coup de poing monumental.

-A bon dour! Dit-elle le sang en sang, et le regard plein de haine.

Je compris que j'avais reçu un coup quand ma mâchoire anesthésiée laissa enfin mon cerveau ressentir la douleur. Je crachais un peu de sang. Encore au sol j’aperçus Rouka qui prenait de l'élan, avec dans son dos une aile déployée, puis d'un coup sec sur le sol elle décolla.

Sa manière de voler était fort étrange, elle semblait taper l'air, créant une légère lumière sous son pied de démon, ce qui la propulsait en avant, puis planait comme une feuille tombant d'un arbre avant de recommencer un cycle "coup de pied propulser tomber".

Visiblement elle utilisait cette manière de se déplacer, depuis que, selon elle Kaiki me l'avait apprise... J'étais donc capable de faire comme elle, mais comment? Je laissais cette réflexion à plus tard je ne pouvais pas laisser Rouka retrouver Kaiki et semer le chaos en ville.

Ce livre d’hypnose était relativement efficace… J’étais capable de faire ma première hypnose non prévue et elle semblait fonctionner… Quelques secondes. Je préférais opter pour l’hypothèse que la cible n’était pas normale plutôt que de me dire que je n’étais pas encore au niveau… Ce qui est un mensonge, je savais que je devais encore y perfectionner et que le facteur non-humain ne faisait qu’aggraver le fonctionnement de l’hypnose.

123Soleil… Pour commencer, elle était passée dans mon dos, j’avais alors commencé l’hypnose en suggérant ce jeu pendant ma conversation pour gagner du temps, sans rire, vous pouvez chercher Soleil, Trois, Deux et Un. Puis une fois passée dans ma vue, le jeu pouvait commencer, après tout, les autres doivent rester immobiles après que vous vous soyez retourné dans ce jeu. Pourquoi un jeu? Un magicien ne révèle jamais ses secrets.

Mais bon, cette situation restait dans mes calculs, je courrais donc avec la boite… De manière lente. Après tout, mon objectif n’était pas de fuir, mais de m’occuper de ce démon, enfin, pas du démon en lui-même, mais des parties du démon.

Je m’étais donc arrêter, observant la foule fuir devant moi, si Minamitsu me demande, j’ai été ralenti par cette foule. En attendant, je dois préparer cette ruelle. Je rentrais dans la ruelle, plaçant des talismans en papier sur les murs en veillant à les cacher derrière des affiches de criminel divers. Une fois cela fait, je ressors de la ruelle.

C’était amusant, quand je marche dans les rues, je regarde à distance pour vérifier à l’avance le sol, mais globalement, la tête haute, car les menaces au sol en ville sont bien souvent moins dangereuse que celle en l’air, j’ai personnellement plus peur d’un pot qui tomberais sur ma tête que d’une peau de banane au sol et ce réflexe était un bon choix : Rouka s’était… Envolée. Elle planait en l’air, se faisant remonter de temps en temps d’un coup de jambe compressant l’air.

Je retournais dans la ruelle, me dépêchant, je substituais la main que je rangeais dans ma veste par un morceau de bois enroulé dans des talismans… Avant d’entendre ce qui semblait être un lourd atterrissage… Je me retournais pour voir rien… Elle était déjà derrière moi, la main sous ma gorge.

- Attends, on peut bien discuter…

- Pour que tu me refasses un coup comme tout à l’heure, je préfère te décapiter avant.

- Non non, je t’assure, prends la boite, je peux t’assurer que je mens pas sur ce coup !

Elle s’arrêta un moment, comme pour essayer de juger si je disais la vérité… Elle devait probablement en être devenue capable et cela n’était pas dans mes calculs, ce sans compter sur ma marge d’erreur qui était large. Je me demandais simplement si elle m'avait vu cacher la main...

- D’accord, tu n’as pas l’air de mentir cette fois. Dit-elle en prenant la boite de sa main libre alors que Minamitsu arrivait devant la ruelle.

Cette fois? Comme si tu avais pu y distinguer les fois précédentes...

D’un coup de pied, Rouka me balança sur Minamitsu qui me rattrapa, d’un simple mouvement je me relevais et me retournais, pour regarder Rouka qui commençait à ouvrir la boite. Je n’ai absolument pas menti en lui disant de prendre la boite, simplement, je n’ai pas mentionné qu’à l’intérieur ne se trouvait pas la main. Lorsqu’elle prit le morceau de bois couvert de talisman, celui-ci s’enroula autour du bras du singe…

- Tu m’as…

- Trompé ? Escroqué ? Arnaqué ? Non, je t’ai juste dit de prendre la boite.

Le talisman lui brulait les poils et les 4 talismans que j’avais placé se détachèrent de brulant les affiches pour d’attacher à son épaule droite, son dos, un en bas, un en haut au niveau de sa colonne vertébrale et sa jambe, sur sa cuisse. Les talismans ne brulaient pas avec des flammes, mais brulaient les poils des parties du singe pour s’y attacher directement…

- Qu’est-ce que c’est ?! Me demanda Minamitsu.

- C’est pour détruire ces morceaux de singe, mais ça ne semble pas fonctionner.

- Détruire ? Mais tu veux l’amputer ?

- Les parties du singe vont sur la peau de l’hôte, au pire elle aura des brûlures sur la peau.

Le but de ces talismans est de détruire ces morceaux et uniquement ces morceaux, mais ceux-ci étaient bien trop puissants et pour le moment, les talismans ne faisaient qu’affaiblir de manière extrêmement inutile ce démon… Il allait falloir affaiblir un peu plus le singe pour s’en débarrasser. Elle jetait le bout de bois au sol le faisant éclater en petit morceau.

- Où as-tu mis la main ? Me chuchota Minamitsu, je lui répondis à voix haute :

- Dans ma veste.

Je mettais ma main droite dans la poche intérieure, attrapant l’objet… Que je sortis d’un mouvement rapide, pressant sur la gâchette, oui, il s’agissait du pistolet paralysant. Le tir l’atteignit, j’espérais sincèrement que ça serait suffisant pour l’affaiblir, mais cela l’empêcha juste d’essayer d’enlever les talismans, elle comprit finalement que je n’allais pas la laisser faire et me regardait avec des yeux plein de rage.

La leçon qu’elle en retiendra est que la personne qui arnaque la première fois devrait avoir honte, et que la seconde fois, c’est la personne arnaquée qui a honte.

Spoiler:

Décidément Kaiki faisait tout pour l'énerver, c'était peut-être là, la base de leur lien, amis mais pas trop.
Le problème était qu'actuellement la Rouka que nous connaissions était en vacances derrière un masque mi-homme, mi-démon, mi-singe. Je n'étais pas zoologue, mais pour sûr le mauvais tour de Kaiki ne lui avait pas plu.

Je me sentais comme l'arbitre d'un match, la confrontation opposant la ruse à la force. Je savais qu'un juge pouvait être impartial, l'arbitre se devait l'être, mais Rouka méritait largement le carton rouge que réclamait Kaiki. Elle lui fonçait dessus déterminé à le tuer. In extremis je pus attraper Rouka avant qu'elle n'atteigne l'infortuné Kaiki.

-Fuis, fuis pour ta vie! lui hurlais-je.

Rouka obnubilé par Kaiki ne se rendit pas compte immédiatement que je faisais barrage à son projet.
Elle s'arracha du sol si violemment que je ne pus tenir ma prise.

Le port, il y avait là-bas des marines, il suffirait d'appeler des renforts et l'affaire serait réglée.

Dans la campagne ou à Eternal gray pas de problème pour se déchainer.

Mais Kaiki avait décidé de se diriger dans les rues fréquenté par de très nombreuses personnes dont les nobles, pour leurs emplettes... L'avenue du dragon, et le carrefour de l'orfèvre...

Je ne connaissais que les principaux lieux de la ville, ce détail n'avait pas pu lui échapper. De plus le port était moins fréquenté à cette heure. Le centre-ville lui permettrait se cacher du démon, mais aussi de moi! J'avais une multitude de question à propos des talismans, il y avait une possibilité de retirer les greffes de Rouka sans la mettre en danger par notre manque de compétences en médecine.

Restait le fait que le petit diable du basket ne se laisserait pas faire. Je continuais de courir dans les rues pourchassant l'hybride qui volait à ras-de-sol. Son apparence repoussante avait le mérite de rendre sa poursuite facile. La foule  comme la houle sur les récifs s'écartait sur son passage.

Je réfléchis à plusieurs options un combat à main nue était risqué, cependant mon intervention serait rapide et impromptue. Je fouillais espérant trouver un outil, un escargophone, n'importe quoi pour un plan B! L'expérience montre que plus les options sont nombreuses plus il y avait de chance de survie. Je ne me souciais pas de ma survie mais bien de celle de Rouka et Kaiki.

Avec le raffut provoqué en ville, d'autres marines finiront par être alerté et ce sera pire si des nobles y sont mêlés. Je me devais de les retrouvés avant que le pire ne se produise.

Je suivais le flux des badauds transits de peur et de quelques reporters opportunistes. L’homme-bête demi-ailé, un nom à rallonge ridicule mais explicite.
C'est au bout d'une rue terminé par une petite place pavé que la poursuite se termina. Kagetora semblait acculé, il usa de son pistolet cette fois sans l'ombre d'un succès. C'est un coup de pied sauté de ma par qui conclut cet intermède non souhaité. Rouka tomba sur le côté, encaissant le choc au sol avec sa moitié la plus humaine.

-Tu ne pourras pas dire que tu ne l’as pas mérité à me faire courir partout!

Rouka se detourna de Kagetora mais aussi de moi. La chose qui la dérangeait vraiment était les trois journalistes qui avaient suivi. J'avais déjà assez de travail avec Kagetora pour devoir couvrir ses trois-là!

-Du balai ceci est une zone d'intervention!

L'un des trois sorti une carte d'accréditation, vraisemblablement celle qui autorise sa présence sur un théâtre d'opération. Je ne pouvais rien faire contre ça, mais au moins je n'avais pas de responsabilité directe. Il était nécessairement conscient de ce qu'ils faisaient et les risques encourus. La priorité changeait alors, protéger Kaiki, puis les journalistes.

J'attaquais Rouka sans ménagement, mettant un maximum de force dans mon coup de poing, à peine s'était-elle relevée du coup précédent qu'elle en recevait un second.

Elle hurla de rage, se tînt la tête, exhala une haleine qui ressemblait plus à de la fumée qu’autre chose. Elle profita de cette couverture pour tenter de s’enfuir en s’agrippant au mur des bâtiments.

Je la poursuivis sans mal, grâce aux encoches laisser par ses mains dans les murs j’avais de très bonnes prises aux murs. J’arrivais sur le toit, juste à temps pour voir Rouka sauter sur une maison au toit fragile et s’écrouler sous son poids.

Très vite elle ressortit par une fenêtre, fit une roulade pour amortir sa chute, puis elle huma l’air comme un limier. Pendant ce temps je n’étais pas resté inactive j’avais moi aussi sauté de toiture en toiture pour arriver en aplomb. Je sautais, en recroqueviller sur moi-même, tournoyant pour avoir un maximum de force, je développais mon corps à quelque centimètre de ma cible espérait lui briser son épaule de singe d’un coup!

Boooouuuuufffff!!

Le bruit d’une rafale et le monde perdit l’équilibre… Rouka avait réussi à stopper le coup, l’énergie du coup dispersé dans l’air de la rue étroite provoqua une bourrasque. La poussière soulevée par le souffle avait eu le mérite de provoquer la fermeture de nombreuses fenêtres. On pouvait néanmoins voir les yeux brillants des curieux au travers de fentes éparses.
Rouka s’était servi de ma jambe comme d’une chaîne au bout de laquelle j’étais m’avais fait tournoyer et enfin elle me projeta au sol, puis elle jeta un regard au bout de la rue… Nous étions proches du port, j’entendais les mouettes…

-Kagetora! Hurlais-je face à cette mauvaise surprise.

Je sorti l’impact dial que je le plaquais contre le visage de Rouka, j’essuyais le sang qui coulait sur mon visage, puis j’actionnais le coquillage avec un but ! Rouka devait être stoppé ici !

J’avais tout fait pour affaiblir ou détruire ses parties simiesques, je l’avais éloigné des civils, de Kagetora, mais elle poursuivait son objectif sans faiblir, se soucier de ce qui se passait autour d’elle.

-Impact !

Je ne m’attendais pas à un tel recul, je fus projeté très violemment, quant à Rouka, son corps fut éjecté… Ses jambes, inertes qui s’élevaient dans le ciel fut la dernière chose que je vis.

Le combat était terminé et la jeune marine avait perdu connaissance. Elle avait cependant atteint mon objectif et les talismans commençaient à fonctionner. Alors qu’elle rampait vers moi en pleurant, j’observais Rouka qui avait repris son apparence humaine.

- Je ne veux pas mourir… Disait-elle en sanglottant.

Elle m’attrapait la cheville… Avec une poigne inférieure à celle d’un enfant.

- Kaiki, je t’en supplie, la main…

Je baissais les yeux devant ce spectacle… L’observant en train  de pleurer à mes pieds. Je posais un genou au sol.

- Pourquoi as-tu cherché les parties du démon alors que tu savais que cela n’allais que t’apporter le malheur ?

- Je, c’est… Je voulais les récupérer pour que ces malheurs ne puissent s’abattre sur d’autre… Je pensais que je serais capable de contrôler ces parties, tu vois pendant longtemps, j’ai passé mon temps à aider les autres… J’avais très peu de chance, mais c’était pire que ça, ma simple présence absorbait le malheur des gens et j’en ai profité…

- Et tu en étais en fait incapable. Ta colère n’était absolument pas naturelle… Beaucoup de vie ont été mise en danger par ta faute, même si nous avons pu t’arrêter.

- Désolé, mais si on collabore, je suis sure qu’on peut collecter ces parties et les maitriser ! Disait-elle en séchant un peu ses larmes.

- Ça aurait été une bonne idée… Mais je ne peux pas, tes choix ont été nobles, mais j’ai été employé pour me débarrasser de ce démon et seulement supprimer sa main n’aurait probablement pas été suffisant, ne t’inquiète pas, d’autres personnes que toi cherchent à s’occuper de ces problèmes, tu n’es pas seule.

Elle baissa les yeux, pleurant légèrement, elle savait que sa fin était proche, je savais que celle-ci était loin… Très loin.

- Rouka… Sais-tu que tu es déjà morte…

Alors qu’elle pleurait, elle fut surprise. Et me regarda dans les yeux.

- Mais… C’est impossible…

- Alors, tu commences à t'en douter… Je sortais de mon sac l’article du journal de Shirana datant de 3 ans. Elle se mit à trembler, je prenais doucement sa main, donc le bras avait commencé à reprendre sa forme normale en commençant par le poignet. Ces cicatrices… Tu comprends désormais ce que tu as fait.

Elle ne comprenait toujours pas vraiment, mais nous n’avions que peu de temps, les talismans consommaient les parties du démon.

- Normalement, je n’oublie pas les gens, mais comment et pourquoi t’avais-je oublié ? Surtout que tu étais une amie de l’orpheline Gaen. Mais tu es morte et je n’oublie que les personnes qui ne sont pas des éventuelles menaces futures… Je fermais les yeux en soupirant avant de les ouvrir pour reprendre la parole. Tu ne t’en souviens probablement pas, la mort est surement quelque chose qui est difficilement admissible pour un être humain, mais je m’étais informé sur toi peu après notre rencontre. Je peux te faire une faveur et répondre à tes dernières demande…

Elle était encore sous l’état de choc en train de regarder son poignet… Je l’aidais à se relever, les rues avaient été vidées, je lui fis s’asseoir sur un banc, tandis que je portais Minamitsu pour la poser sur le banc, Rouka utilisa ses cuisses pour lui servir de coussin.

Au bout de quelques minutes, Rouka s’était arrêtée de pleurer et calmée. Observant son poignet, elle me demanda :

- Je ne me souviens d’aucun évènement relatif à mon suicide… Tu es au courant Kaiki ?

- Oui.

- Peux-tu me dire ce que tu sais ?

- …Oui.

Je lui expliquais en détail, aussi bien ce qu’elle savait que le reste… Elle était une sportive prometteuse, admise dans un grand collège avec recommandation sportive, mais lors d’un match, une mauvaise chute lui couta le genou… Elle pouvait encore marcher, mais elle ne pourrait plus jamais faire de sport nécessitant sa jambe gauche. Côté famille, il y avait de nombreuses tensions entre ses parents, mais la fierté qu’ils avaient d’elle les calmait, ce qui disparut provoquant l’arrivée de nombreux problèmes. Mais la raison du suicide était une longue accumulation : Elle se disputa avec celle qu’elle considérait comme sa rivale, sa meilleure amie et surtout son amante.

Le suicide est souvent un acte longuement réfléchi, mais soudainement déclenché et cette dispute était la goutte d’eau qui fit déborder le vase.

Il ne restait plus beaucoup de temps après lui avoir raconté la vérité.

- Merci Kaiki… Dit-elle tête baissé.

- Tu ne devrais pas me remercier, mais remercier l’orpheline Gaen.

- Tu me parles d’elle depuis un moment, mais qui est cette orpheline Gaen ?

Je lui souris.

- J’étais pourtant sur que tu la connaissais, cette fille, dénommée… Kanbaru, Suruga Kanbaru.

Elle fut encore une fois surprise, oui cette fille, Kanbaru, l’orpheline Gaen était la rivale de Rouka. Et elle m’avait confié la main du singe, qui pourtant était un important héritage de sa mère pour que je m’occupe du démon. Ce qui m'étonnes par contre, est qu'elle devait alors déjà être au courant de la situation de Rouka, chose que j'ignorais...

- Tu sais, elle devait savoir ce que tu es devenue. Et elle regrettait sincèrement ce qui s’est passé. Elle est allée jusqu’à me demander à moi pour que tu sois en paix… Que tu arrêtes de récolter les malheurs.

Ou du moins, je supposais, mais connaissant très bien la concernée, c'est probablement juste.Elle reprit finalement un léger sourire et se remit à pleurer.

- Je vois, Kanbaru ne me déteste pas…

- Elle t’aime encore et ne veut pas te voir souffrir… D’ailleurs, elle te laisse le dernier choix.

- Comment ça ?

- Elle m’a probablement confié la main pour que tu puisses saisir cette main tendue si tu souhaites continuer de vivre… Disais-je en sortant la main de ma veste. Si tu prends cette main, tu continueras ta vie, tu pourras même retourner auprès de Kanbaru sans t'inquiéter, les autres parties du démon que tu possèdes disparaîtront et ma tâche sera accomplie. Avec simplement la main, il y a aucune chance que tu ne perdes le contrôle.

J'affirmais en connaissances de causes : les parties du singe sont plus fortes si elles sont proches de la tête, le mains et pieds sont donc les parties les plus faibles, mais surtout, elle a pu tenir avec 4 partie du démon...

Un silence s’installa… Elle releva la tête de Minamitsu pour la poser doucement sur le banc. Elle se tenait debout devant moi.

- Je vais refuser.

- Bien.

- Peux-tu me fournir du papier et un stylo ?

Sa phrase était prévisible, tellement que j’avais commencé à sortir ces objets dès qu’elle refusa la proposition.

Elle écrivit deux messages, coupant le papier en deux… Un destiné à Kanbaru, l’autre à Minamitsu.
Me donnant les deux papiers, j’acquiesçai pour lui signifier avoir compris ce qu’elle voulait que j’en fasse.

- Dit moi Kaiki, penses-tu que Kanbaru voulait vraiment ma paix ?

- Elle avait accouru, cherchant entièrement Shirana pour me trouver afin de me confier cela, donc je pense que oui, elle le souhaitait sérieusement, surement autant que de te voir revenir vers elle… Alors pourquoi avoir choisi de mourir encore une fois ?

Elle commençait à disparaitre…

- Je souhaite plus que tout la revoir, mais je me suis rendu compte qu’après ce que je lui ai dit… Et surtout, après ce que je lui ai fait, il est mieux que je ne sois pas là pour la faire souffrir. Dans ma lettre j’ai écrit tout ce que je voulais lui dire, mais surtout…

Je n’entendais pas la fin de la phrase… Car elle avait disparu, ne laissant même pas ses vêtements derrière elle. La dernière image que j'avais d'elle était un sourire radieux, mis en valeur par ses larmes de joie... Probablement.

Sans lire les papiers, je mettais dans le sac qui contenait les objets avec lesquels Minamitsu avait jonglé la lettre qui lui était destinée et l’article de journal.

Je pris le portefeuille de la jeune marine au bois dormant, l’échangeant contre le sac, qui contenait aussi le programme d’entrainement placebo, que je posais sur son ventre. Avec le saccages qui avait été fait, les marines commençaient à arriver.

Je partais comme si de rien n’était, l’argent qu’avait Minamitsu sur elle dans ma poche. Il s'agissait là de son paiement pour l'entrainement que je lui ai fournis, le premier repas et en bonus, je lui laissait de quoi jongler, à service rendu, paiement due.

Bonus "The last day of my adolescence":

Spoiler pour les admins:

Spoiler tout court:

Je me levais au bruit d'un réfectoire rempli, la voix de Chill réprimant les blagues d'Andy, cet écho familier m'égarait un temps.

Je me rappelais très vite de mes dernières actions je me levais rapidement de mon lit. J'ouvrais la porte brusquement pour tomber sur le colonel. Elle me fit signe de retourner dans mes quartiers. Je voulus lui expliquer que j'avais de bonnes raisons de quitter le repos de mon lit, mais je n'en fis rien. De toute évidence elle avait des choses à me dire dès mon réveil.

L'île de Dawn avait été secoué par l'attaque d'un homme-bête les dégâts causés ont été mal perçu par certains nobles, tandis que d'autres ont salué l'intervention rapide de la marine. L'avis qui en ressortit fut plutôt positif saluant la réputation non usurpée de la marine d'East Blue.

L'opinion des nobles et les ragots de journaliste n'intéressaient pas le colonel. A vrai dire elle savait pourquoi j'étais sur Dawn. Et ses évènements n'auraient pas dû se produire...

Ainsi je lui expliquais dans les détails ce qui s'était passé, non pas comme à un supérieur mais comme à quelqu'un de confiance. Elle s’intéressait à ce qui m'était arrivé, pas aux conséquences sur la marine.

Elle me tendit une enveloppe

-Les soldats qui t'ont retrouvé, t'ont ramené avec ce sac. Elle regardait dans la direction de mon armoire. Aux pieds du meuble ce trouvait un sac.

-Il contenait cette lettre que nous avons consultée pour les besoins de l'enquête. Je comprends un peu mieux maintenant. Cela aurait été mieux que tu sois la première à la lire.

Le colonel Gakash, me laissa à ma lecture. Elle restait avec moi, aussi silencieuse que le bord d'un étang en hiver.

Rouka, m'y livrait un dernier signe d'amitié. Ses mots ne laissaient pas de doute quant à ce qui s'est passé ensuite. C'était court, mais sans ambiguïté. Ne dit-on pas que les  adieux les plus longs sont les plus tristes?

Rouka semblait d'accord sur ce point en me laissant un court message, ses greffes la rendaient malade, mais lui évitaient la seule chose à laquelle personne n'avait de remède. Mais elle en avait profité pleinement, ses amis lui avaient rendu sa liberté, elle était satisfaite et prête à se débarrasser des greffes.

Je n'étais pas triste car je comprenais ce que voulait Rouka. Je ne sautais pas de joie car elle ne serait plus là. Un vide, non pas un sentiment de vide. Mais le vide de sentiment, cette émotion, était étrange, innommable. L'inédit était excitant, mais aujourd'hui il avait le goût de l'inexistence. L'inexistence d'une personne, son retour au silence.

J'y attachais peut-être beaucoup d'importance, mais d’imaginé un instant perdre quelqu'un que l'on vient de trouver...j'avais en réalité le cœur déchiré, et l'esprit trop affecté pour avoir une vision claire des choses.

-Tu n'as pas le temps de te reposer apparemment, une mission, avec une impression de déjà-vu t'attends.

Je n'avais clairement pas la tête à ça. Il n'avait nul besoin d'être devin pour le savoir, il suffisait de voir mon visage au moment de la lecture... Mais surtout cette mission. En temps normal, j'aurais dit non! Mais sans être dans cet état je refusais intérieurement de recommencer. Je sentais, ce sentiment d'exaspération empreint de colère monté. C'était surement la conjonction de deux mauvaises nouvelles, la première m'incitait à trouver cette disparition trop rapide trop injuste et la seconde ressemblait à s'y méprendre à l'acharnement du destin.

-Je comprends. Je demanderais que tu aies du renfort pour cette mission, cela me semble nécessaire.

Elle ne me laissait pas le choix. Mon cerveau eu une réflexion intense, comme une sorte d'instant crucial où se joue l'état de vie ou de mort.

-J'ai déjà une idée du collègue idéal. Mais j'aurais besoin que vous procédiez de la sorte.

Je demandais de contacter Fury, le responsable du taciturne. Le colonel connait le phénomène de la précédente mission sur Konomi, et  apparemment les supérieurs aiment avoir des soldats sociables.

J’appréciais Shizu pour ce qu'il était... et d'ailleurs il allait être la clé de ma santé mentale... Le silence est une meilleure arme que l'agacement face à un dragueur trop insistant.

Kida insista sur le fait qu'elle me laissait quelques minutes mais qu'ensuite je devais venir au réfectoire. Bien que je veuille être seule, la présence de mes camarades ne pouvait que me réconforter.