Un chasseur sachant chasser... [Dimitri & Kyulin]

Nous fûmes dans un premier temps déposés à la tierra del sol, d’où nous dûmes trouver un moyen de nous rendre à la circonscription de Waterpath. Après divers achats de Sinbad, il paya un marchand qui devait transporter des ressources vers cette île en lui expliquant que nous étions des musiciens itinérant voulant nous faire un peu d’argent en travaillant pour des nobles. Nous partageâmes donc une cabine.

Durant le trajet, Sinbad nous démontra une certaine dextérité : Il avait acheté divers matériaux ainsi qu’une guitare et une basse. Il créa un double fond dans nos étuis, y cachant nos armes et objets de valeurs, avant de déguiser le tout en simple étui pour instruments, le tout discrètement et surtout sans bruit. Il nous montra aussi son habileté à jouer de la guitare, il jouait aisément à notre niveau, mais nous ne pûmes tenter à cause de notre bras gauche. Une fois la musique terminé, il prit la parole de manière sérieuse...

- Kyulin, vous savez, vous êtes ma seule véritable maitresse… Je dois donc vous le dire.

Nous le regardâmes dans les yeux, seul à seul dans notre cabine, nous ne pûmes nous attendre à ce qu’il allait dire :

- Votre grand-père s’est mépris, je n’ai pas le même but que vous, ainsi je vous accompagnerais, mais ne vous aiderai pas.

Nous lui répondîmes d’un simple sourire et d’un hochement de la tête, il reprit :

- Je sais ce que vous pensez, mais je pense de manière complètement différente : si les choses devait mal tourner, je vous sauverai, mais uniquement vous.

Il sous-entendu qu’il ferait cela, même s’il pouvait sauver d’autres personnes, nous respections son choix.

Dès le moment où notre ancêtre Baal nous expliqua l’existence des tsukumogami, nous comprîmes qu’il y avait des chances pour qu’ils ne s’occupent que de leurs maitres… Ils ne veulent pas forcément protéger les choses que leurs maitres veulent protéger… Après tout, il n’y a qu’une chose réellement importante à leurs yeux.

- Je n’hésiterai pas, même si vous me haïssez... J’irai jusqu’à vous briser les quatre membres pour vous empêcher de courir des risques…

Il nous menaçait visiblement, une manière indirecte de nous supplier… Peut-être était-ce par notre lien, mais même dans sa voix menaçante, nous ressentions une trace de peine dans son discours. Nous fermâmes les yeux et l’enlaçâmes… Il sembla rester sérieux quelques minutes...

- Hm, c’est bien ce que je pensais, je veux vraiment que cette poitrine n’appartienne qu’à moi.

Il était rare que cela nous énerve, les actes étranges de notre nièce ne nous gênaient pas, mais ceux de Sinbad… Nous le considérions comme notre fils alors nous voulions probablement l’élever correctement. Ainsi, nous lui mîmes une pichenette sur le front en lui signant de la main et d’un sourire de rester sérieux s’il ne voulait pas que nous lui infligions des punitions corporelles. Le voyage nous parût bien rapide après cela, probablement car nous ne nous ennuyons pas... Nous rappelant notre premier voyage avec Murasa…

Nous arrivâmes le lendemain, aux alentours de 11 heures au port de Waterpath. Un port qui semblait ancien et non rénové, mais qui apaisait l’esprit, l’île paraissait plutôt calme et très joli, non pas belle comme une île tropicale, mais d'une ambiance sobre et sans excès. D’autres personnes descendaient du navire marchand et nous vîmes quelques familles qui semblait vivre sur l’île en accueillir quelques-uns.

Sinbad pouffa de rire en observant une petite plage de galets… Nous vîmes sur celle-ci un jeune homme blond, un naufragé ? Nous accourûmes vers lui. Il était à quatre pattes et portait un costume avec un pantalon et une veste blanche, tandis que sa chemise était bleu ciel. Il était essoufflé, mais plus important, trempé jusqu’aux os et le temps, n’était certes pas mauvais, mais il ne faisait pas chaud.

Nous sortîmes rapidement une serviette blanche de l’étui qui nous servait de bagage, prenant rapidement soin de commencer à lui sécher les cheveux et la tête, cela ne fût pas sans quelques difficultés, n’utilisant que notre bras droit, mais il se redressa et prit en main la serviette, nous révélant finalement son visage.

Nous fîmes signe à Sinbad. Qui prit la parole d’un air très ennuyé…

- Hem ! Elle ne peut pas parler alors je sers d’interprète : Je m’appelle Sinbad et voici Kyulin, on est des musiciens vagabonds. Elle te demande comment tu vas et qu’est-ce qu’il t’est arrivé ?

Le ton qu’utilisait Sinbad nous déplaisait, et nous lui lançâmes un regards le signifiant bien, mais nous avions d’autres problèmes : aider ce pauvre jeune homme.

Une fois le grand plongeon effectué, Dimitri dut nager de toutes ses forces pour échapper aux forces marines. C’est donc rompu qu’il échoua sur une nouvelle plage. Enfin, rompu, nager jusqu’à l’épuisement n’était clairement pas le genre de ce spécimen rare. Pour faire simple, une fois le navire hors de vue, il s’était tranquillement contenté de se laisser porter par les flots. Il était arrivé sur une nouvelle île mais il préféra rester encore quelque temps allongé sur le sable. Il était trempé jusqu’aux os et risquait de tomber malade mais il s’en fichait éperdument, il n’avait tout simplement pas envie de bouger. Allongé, le dos sur les galets, il regardait le ciel matinal. Il tournait de temps en temps la tête à droite et à gauche pour élargir son champ de vision. Et c’est alors qu’il le vit, le navire qui accostait. Ce n’était pas un navire de la Marine, mais les personnes qui accosteraient lui permettraient sûrement d’avancer tranquillement dans cette île qui avait l’air tout à fait charmante. Il roula donc lentement sur le ventre et pris appui sur son coude avant de se retrouver à quatre pattes. Et c’est alors qu’elle arriva, se précipitant pour aider notre tête blonde. Elle lui mit rapidement une serviette sur la tête et l’essuya avec la tendresse d’une mère. Entre les va-et-vient de la serviette, Dimitri observait sa nouvelle interlocutrice. Elle était plutôt mignonne, des cheveux blancs, de jolis yeux bleus et un air quelque peu innocent sur le visage, un serre-tête avec une corne comme si elle était une sorte de licorne humanoïde.

*Très bien, pensa-t-il. Celle-ci sera facile à manipuler.*

Il remarqua également qu’elle n’utilisait que son bras droit, il observa alors le bras inerte de la jeune femme et vit quelques bandages sur celui-ci. C’était bon à prendre. Peut-être que ça lui serait utile plus tard. Il allait ouvrir la bouche et se présenter lorsqu’il vit les pieds de quelqu’un d’autre en relevant la tête. Il remonta alors le reste du corps et comprit vite qu’il faisait face à un homme habillé avec nombre de tissus drapés. Il avait de l’allure mais Dimitri eut un choc en voyant son visage. Il était fin et viril à la fois. Ses cheveux d’un noir de jais encadraient parfaitement son visage et cascadaient dans son dos. Deux boucles d’oreille en or rehaussaient son teint. Et pour finir, il se pâmait d’une expression de mépris mélangé à une condescendance affligeante. D’entrée, il le savait, il ne l’aimerait pas. Il n’avait pas le droit d’être plus beau que lui. Et pourtant, c’est bien lui qui prit la parole.

- Hem ! Elle ne peut pas parler alors je sers d’interprète : Je m’appelle Sinbad et voici Kyulin, on est des musiciens vagabonds. Elle te demande comment tu vas et qu’est-ce qu’il t’est arrivé ?

Dimitri n’aimait pas du tout le ton qu’il avait employé, aussi, lorsqu’il répondit, il se consacra entièrement à la dénommée Kyulin.

- Je vais bien. J’ai été pris dans une tempête, j’ai perdu mon navire et j’ai échoué ici. C’est une bénédiction de vous avoir rencontré demoiselle, dit-il en effectuant un baisemain parfait. Une telle générosité est rare de nos jours.

Il se le va et s’inclina et reprit :

- Je m’appelle Dimitri Van Lester, je vous remercie.

Il sourit imperceptiblement lorsqu’il vit la réaction de cette pauvre musicienne qui n’était apparemment pas une habituée des coutumes de son interlocuteur. Rouge comme une pivoine, elle ne savait clairement pas où se mettre. Il se pencha vers elle pour lui offrir une main amicale qui l’aiderait à se relever mais Sinbad s’interposa, les sourcils froncés, un air frustré sur le visage. Le pirate se redressa alors et laissa le temps aux deux vagabonds de se remettre de leurs émotions. Il ne pensait pas que ce serait aussi facile. Il était réellement ravi d’avoir fait cette rencontre. Ce qu’il allait vivre sur cette île serait très certainement bien plus intéressant avec ces deux-là à faire tourner en bourrique.
Une fois remise, Kyulin effectua quelques signes de ses doigts et son acolyte prit la parole :

- Elle dit qu’on devrait y aller, trouver des vêtements pour toi et un endroit où dormir.
- Je suis on ne plus d’accord, allons-y.

Il leur laissa le pas ce qui ne plut pas à Sinbad, du moins c’est ce qu’il pensait. Mais il n’avait pas vraiment le choix, s’il ne voulait pas laisser Kyulin aux griffes du malotru qu’il était. Ils s’enfoncèrent donc dans les terres de cette nouvelle île et ce qu’en pensait Dimitri se confirma. Non contente d’être presque complètement dépourvue de vie humaine pullulante, la nature jouissait d’une beauté absolument magnifique. Une teinte bleutée parcourait les lieux tandis que des ruisseaux suivant leur cours jouaient une douce mélodie. Le cadre était réellement idyllique. S’y promener était un véritable délice, tant et si bien que le pirate n’eut même pas l’envie de d’allumer l’une de ses cigarettes.
Après quelque temps de marche dans ce cadre merveilleux, ils arrivèrent enfin dans la zone habitée de l’île. Une immense place et quelques châteaux alentour. Nul doute que les personnes vivant ici n’étaient pas dans le besoin. À peine les trois compères eurent-ils fait trois pas qu’on les héla sans aucune grâce. Dimitri jaugea leur interlocutrice. Une toute jeune fille, à peine une quinzaine d’années s’approchaient d’eux.

- Salut ! reprit-elle essoufflée. Vous êtes nouveaux par ici non ?
- Est-ce si flagrant, demanda-t-il quelque peu étonné.
- Vous savez, on n’a pas beaucoup de tête ici, alors les nouveaux ne passent pas inaperçus ! HAN ! Mais vous êtes trempé ! Venez, venez, suivez-moi ! Je vais vous trouver des vêtements de rechange.

Sans lui laisser le temps de répliquer, elle l’empoigna par le bras et l’entraîna dans la direction qu’elle souhaitait. Il jeta un rapide coup d’œil derrière lui et vit Sinbad et Kyulin s’échanger un regard avant de les suivre. Après une quinzaine de minute, ils se retrouvèrent devant une immense bâtisse. La jeune fille lâcha enfin Dimitri pour lui faire face et déclarer avec un grand sourire :

- Bienvenue chez moi ! Au fait ! Je m’appelle Élisa, Élisa de Labrunelle.
- Es-tu bien sûr que tes parents seront d’accord avec ce que tu fais ? Demanda Sinbad.
- Bien sûr, je le fais tout le temps ! D’ailleurs ils m’encouragent fortement à le faire. Dans ce monde, il faut savoir aider son prochain.

Cette fille semblait être une véritable sainte. Sans plus se poser de question, les trois compagnons de fortune pénétrèrent dans la noble demeure. La jeune fille donnait de superbes vêtements à Dimitri, un costume de luxe blanc de la marque T as K et une chemise toute aussi luxueuse couleur saumon et que dire que la ceinture dont la boucle en argent ravissait le jeune homme. Après avoir remercié la jeune fille, celle-ci leur fit faire une visite guidée de cet immense château. Durant cette visite, elle leur présenta leur chambre à coucher. Kyulin voulu refuser mais Sinbad ne transcrit pas ses paroles, remerciant chaleureusement la jeune fille.
Lorsque les parents arrivèrent, les invités se crispèrent légèrement de peur de subir leur colère, mais ils n’en firent rien. Il semblait que la petite n’avait pas menti et que ses parents l’encourageaient réellement à aider son prochain. Ils passèrent dès lors une charmante soirée à discuter autour d’un bon repas. Ce fut donc le ventre bien rempli qu’ils prirent congés de leurs hôtes pour se retirer dans leur chambre respective. Cela faisait bien longtemps que Dimitri n’avait pas mangé ainsi. Pas depuis ce délicieux restaurant à la Tierra del Sol. Il repensa à cette chère Bloody Viper avant de s’endormir. Cette belle rousse qui lui manquait finalement plus qu’il ne l’aurait cru.

***

- Ah ! Alors ça y est, tu es réveillé…

Dimitri ouvrit lentement les yeux, sa tête se balançant lentement de droite à gauche et inversement. Il avait une sensation désagréable dans les bras, comme si quelque chose le tirait par le haut. En voulant les bouger, il comprit qu’il était attaché. Et c’est en regardant Sinbad et Kyulin, une fois que ses yeux furent habitués à l’obscurité qu’il comprit dans quelle posture il se trouvait. Ses poignets avaient été liés et attachés à un crochet à plus d’un mètre du sol.

Nous nous réveillâmes alors qu’une douleur se faisait sentir dans notre bras gauche… Les dénommé Van Lester et Sinbad était à nos côtés… Nous étions attachés par nos bras au-dessus du sol. Il faisait nuit et nous prîmes quelques secondes avant de vois plus clairement… Durant ces minutes nous réfléchissions à ce qu’il s’était passé…

Nous ne comprenions pas comment, mais nous supposions que quelque chose s’était passé chez les de Labrunelle… Avions-nous été drogués avant d’arriver ici ? Nous priâmes pour qu’ils aillent bien. Sinbad à notre gauche se réveilla.

- Que…

Au moment où celui-ci se réveilla, nous fûmes choquée par la salle dans laquelle nous étions…
Cette salle était une salle de torture, du sang séché et liquide était visible partout dans la pièce, tandis que des cadavres étaient visible, certains en décompositions, d’autre plus frais… Dans une cellule, se trouvaient des prisonniers couverts de blessures qui tremblaient… Et ce n’était probablement pas que le froid qui avait créé cette situation… Ils semblaient traumatisés… Nous le reconnûmes dans leurs regards vides, n’essayant même pas d’appeler de l’aide.

Etait-ce là ce qui allait nous attendre ? Nous nous rappelâmes bien vite ce qu’il s’était passé sur Kokoyashi… Et nous ressentîmes le même dégout, si ce n’était pire.

- Ah ! Alors ça y est, tu es réveillé…

Sinbad dit ça au moment où Van Lester se réveilla… Mais celui-ci semblait étrangement calme… Presque désintéressé. Ne devrait-il pas être dans un état semblable au notre après avoir eu le temps d’inspecter les alentours ?

Notre seul choix pour le moment était de préserver nos forces et de trouver un plan pour se détacher…

La porte du locale dans lequel nous étions s’ouvrit, révélant la petite la Brunelle… Nous osâmes espérée qu’elle était saine et sauve jusqu’à voir son sourire… Elle était accompagnée de 3 gardes et nous regarda. Avant de se diriger vers ce qui semblait être des leviers… Celui qu’elle baissait fôt descendre Van Lester jusqu’au sol.

- Je ne vais pas de suite m’amuser avec la blessée, elle tardera pas à guérir, je le ferai à ce moment-là… Et je préfère garder le meilleur pour la fin~

- Une erreur de jugement si grave à son âge, que va-t-elle donc devenir… Dit-il avec un air attristé.

Sinbad se permit de rigoler à cette remarque de la jeune fille et de Van Lester… Il était capable de rire dans ce genre de situation ? Plus nous en apprenions sur lui, plus nous eûmes l’impression qu’il ne pouvait être sain d’esprit.

La jeune fille prit un couteau, un simple couteau de cuisine. Utilisant celui-ci, elle découpa la chemise de Van Lester, révélant son torse nu… Nous ne pûmes que détourner le regard de pudeur à ce moment-là. On commençait à entendre les gémissements de Van Lester qui essayait clairement de ne pas céder à la douleur… Cela dura quelques minutes… Elle prenait son temps pour faire souffrir le pauvre homme.

- Voilà, désormais, tu m’appartiens… Oh ? Mais que vois-je ? N’es-tu pas gênée de détourner le regard ? Elle nous regarda, faisant signe à un de ses gardes qui nous fit aussi descendre… Peut-être devrais-je te faire subir ton dû maintenant ? Oh ! Mais… HAHAHAHAHAHAHA

Son rire dément résonnait dans la pièce alors que la lame de son couteau empreint du sang de Van Lester frôlait notre peau.

- Je n’y crois pas ! Tu as détourné le regard, non pas pour ne pas le regarder souffrir, mais par gène de voir son torse nu !

Elle approcha son visage beaucoup trop près du notre qu’elle maintenait en place de sa main gauche… Nous ressentîmes son souffle et ses yeux nous regardait droit dans les notre… Nous tentâmes de détourner notre regard.

- Arrête de faire l’innocente ! S’écria-t-elle donnant un coup de couteau verticalement…

Nous fermâmes les yeux...

Elle avait découpé nos vêtements, nous l’avions clairement ressenti, ce sans même toucher à notre peau. Nous nous sentîmes extrêmement gênée devant le regard de ces hommes… Aussi bien les 3 gardes que Sinbad et Van Lester… Leurs regards avaient une intensité différente de celui du sergent Noakuma… Qui nous semblait plus comme un enfant.

- Tch, quelle poitrine outrageante. Et tu continues de jouer l’innocente alors que tu portes des vêtements aussi dévergondés ? …

Nous ressentîmes un début de larmes de honte… Avant de d’ouvrir nos yeux… Pour les voir... Tous surpris sauf Sinbad… Notre tenue avait été verticalement coupée en 2… Laissant notre peau à la vue de nous… Heureusement, elle n’avait pas coupé notre bas complètement, mais notre poitrine restait à la vue de tous… Légèrement caché par nos épaulettes… Mais là n’était pas la raison de leurs surprises…

Effectivement, à la vue de tous se trouvait désormais 2 de nos yeux… Qui étaient jusque-là caché par notre tassette qui avait aussi été coupé.

Après le passage du couteau sur le torse nu du jeune pirate, on pouvait y voir de jolies lettres calligraphiées qui devaient sûrement être la transcription du nom de la jeune fille dans une langue ancienne. Dimitri baissa sa tête pour voir l’ouvrage de la jeune noble bien atteinte. Il n’en vit finalement pas grand-chose, mais le peu qu’il en vit lui plaisait. Elle avait bon goût, dommage qu’elle ait décidé de faire ça sur sa peau. C’est alors qu’Élisa décida de jeter son dévolu sur la pauvre Kyulin qui se sentait déjà bien assez mal comme ça. Après quelques divagations sur sa timidité et sa poitrine avantageuse, elle décida de porter un grand coup de couteau aux vêtements de la nouvelle compagne de Dimitri. Il était possible de dire qu’elle était relativement chanceuse car sa partie la plus intime n’avait été révélée. Sa poitrine conservait des bouts de tissu qui n’avaient désormais plus une grande utilité tandis que son bas n’avait subi absolument aucun dommage. Tomba cependant une sorte de plastron qui protégeait ses hanches. Et c’est à cet instant que deux yeux supplémentaires se révélèrent.

Le jeune blond les observa attentivement, essayant de déterminer s’ils étaient vrais ou s’il s’agissait simplement de tatouages tribaux. En effet ces yeux n’avaient rien de normaux. Non seulement ils étaient placés verticalement mais en plus ils étaient rouges. Leur immobilité le faisait également douter de leur authenticité. Élisa n’y croyait pas plus que lui et c’est pourquoi, après un temps d’arrêt, sans doute pour analyser la situation, elle reprit son activité favorite.

-Comment une gueuse telle que toi ose avoir une telle poitrine ? Tu ne devrais être bonne qu’à faire les trottoirs, espèce de trainé !

Elle marqua une pause, jouant avec son couteau qu’elle baladait sur le corps de Kyulin qui, ne sachant plus où se mettre, tentait clairement de se recroqueviller sur elle-même sans grand succès. Les chaînes qui la retenaient et son bras endoloris ne lui facilitaient clairement pas la tâche.

-Ne t’en fais pas, je vais te rendre ta condition première, je suis sûre qu’un de mes gardes se fera un plaisir de te le rappeler.

Elle eut un rire dément et abaissa son couteau pour découper le bas de Kyulin qui avait résisté à la première attaque. Mais dans un mouvement désespéré, la nouvelle compagne de Dimitri réussi à se tourner sur le côté pour éviter que le couteau fasse son office. Seulement ce geste aggrava la situation. Non seulement la noble atteignit un nouveau palier de folie à cause de l’insubordination de son jouet mais en plus, l’iris rouge se mit à bouger. Si Élisa avait d’abord eu envie de donner une bonne correction à la Shiranui, désormais, elle criait de toutes ses forces comme si elle venait de voir un fantôme. Elle avait perdu de la contenance mais ce n’est pas ce qui l’inquiétait. Au contraire, elle semblait n’y accorder aucune importance. Ses yeux restaient bloqués sur ceux placés sur les hanches de sa victime.

-Mais tu es un monstre, dit-elle sans aucun tact. Un monstre qui a pris apparence humaine. Qu’est-ce que tu es ? Une sorte de démon succube venu dépouiller les hommes de toute contenance ? Ça ne peut être que ça. Sinon comment expliques-tu la présence de cette poitrine, hein ?

Elle commença à faire les cent pas tout en divaguant à propos. Après quelques minutes, elle se stoppa net, observa de nouveau Kyulin.

-Mais… Peut-être que tu en as d’autre ! s’exclama-t-elle horrifiée.

Elle s’afféra donc à retirer tous les vêtements qui restait à cette pauvre femme, les découpant un par un. La tâche ne fut pas très longue, mais pendant qu’elle l’observait sous toutes ses coutures, la pauvre Kyulin n’arrivait désormais plus à retenir ses larmes. Si elle était effectivement pudique, Dimitri ne pouvait que comprendre pourquoi elle se sentait si mal. Il avait presque pitié pour elle.

Après avoir inspecté minutieusement le corps de la jeune femme, elle trouva finalement deux nouveaux yeux : un dans la nuque et un sur le front. À chaque nouvelle découverte, elle trouvait le moyen d’insulter son sujet d’étude. Puis, lorsqu’elle eut fini son intense réflexion, elle s’écria qu’elle avait la solution. Elle empoigna fermement son couteau et lança à sa victime d’une voix mielleuse qu’elle allait sauver le monde du mal qui la rongeait. Elle se planta devant elle et abattit son arme sur la hanche de la jeune fille aux cheveux blancs.

Tout se passa alors très vite. Alors qu’Élisa effectuait son geste. Sinbad se changea en katana, se libérant ainsi de ses chaînes. Il se précipita sur la noble et lui asséna un violent coup de poing dans le ventre. Il lui coupa ainsi le souffle et elle lâcha le couteau pour tenir son ventre douloureux. Les gardes, après un temps de réaction allongé par cette nouvelle découverte, se précipitèrent alors sur lui et il les intercepta assez facilement. Il était agile et c’est ce qui lui permit de s’en sortir face à des adversaires un peu lourdauds. Une fois débarrassé d’eux, il asséna un nouveau coup au ventre d’Élisa la laissant dans un coma que les trois compères trouvèrent bien mérité. Sinbad fit ensuite descendre Kyulin. Il se sépara du tissu qui drapait ses épaules et recouvrit celle-ci une fois qu’elle fut libre. Sans ce tissu, il était simplement affublé d’un large T-shirt et malgré tout, il réussissait à mettre sa silhouette en valeur. Dimitri poussa alors un soupir d’exaspération, comme s’il reconnaissait platement sa défaite face à Sinbad. Ce dernier se tourna d’ailleurs vers lui et lui demanda :

-Qu’est-ce qu’il y a ?
-Tu aurais pu te transformer plus tôt quand même, dit Dimitri pour ne pas montrer son désarroi.
-Même si je l’avais fait plus tôt ça n’aurait pas été pour t’aider. D’ailleurs, je te laisse ici, je voulais seulement protéger Kyulin.

Soutenant celle-ci, il se dirigea vers la sortie mais elle fut quelque peu réfractaire. Il s’arrêta et la regarda avec un air interrogateur. La jeune femme fit un immense effort pour pouvoir enfin articuler quelque chose :

-Aide-le, dit-elle aussi fort qu’elle le put, c’est-à-dire pas plus haut qu’un murmure.

Décidément cette Kyulin était un véritable amour. Sinbad, quant à lui, secoua la tête. Il tenta d’argumenter, rappelant à cette dernière qu’il avait promis de l’aider elle mais pas les autres. Il essaya de lui faire comprendre que le blond ne lui apporterait que des problèmes mais la Shiranui resta inflexible. Il soupira donc en signe de capitulation. Il adossa Kyulin contre un mur et fit descendre Dimitri. Il le détacha et ils reprirent la route. Ils étaient en sous-sol, il fallait donc monter des escaliers pour retrouver la surface. La tâche ne fut d’abord pas aisée mais Dimitri retrouva avec bonheur son zippo dans sa poche. Il l’alluma facilitant quelque peu l’ascension. Mais les réjouissances ne furent que de courte durée. Lorsque les trois compères reprirent enfin contact avec la nature, le reste de la famille d’Élisa les attendait de pied ferme armé jusqu’aux dents. Ils étaient cinq en tout. Le père et la mère, les plus âgés, et sûrement un frère et une sœur, à moins qu’il s’agisse de cousins. Enfin, un homme d’âge mûr se trouvait également là, il était moins vieux que le père mais plus que les supposés frère et sœur, peut-être était-ce un oncle. Toujours était-il qu’ils ne l’avaient pas vu lors du dîner. Mais ce n’était pas une priorité pour le moment. Chacun avait une arme de prédilection et des chiens enragés prêts à être lâcher qui grognaient.

-Vous savez, dit celui qui devait être le père, il y a une chose assez amusante avec Élisa. Elle possède dans son corps un dispositif qui nous permet de savoir immédiatement s’il lui est arrivé quelque chose. Après tout, c’est notre benjamine, nous devons en prendre soin.

Il marqua une pause puis ajouta.

-Si le jeu préféré d’Élisa est la torture, le nôtre, c’est la chasse. Nous vous laissons dix minutes d’avance.

Spoiler:

Notre voix était en meilleur état que nous ne le pensions, parler était douloureux, mais nous en étions tout de même capable. Notre bras était endolori par la position dans laquelle nous étions peu de temps avant, mais nous décidâmes de quitter cet endroit le plus vite possible…

Nous… Nous ne sûmes quoi penser. Ce n’était pas la première fois. Depuis notre départ de Yamato… Nos valeurs furent sans cesse piétinées… Les prisonniers présent avaient clairement vu ce que nous avions fait, nous n’avions pas les clés de leurs cellules, mais ils n’espéraient rien… Mais c’était compréhensible : leurs blessures étaient telle que se déplacer ne ferait qu’écourter le peu de vie qu’ils leurs restaient et ils ne voulaient plus souffrir… Alors nous montâmes vers la surface... Aussi fortement que nous tentâmes … Ces pensées revenaient nous hanter.

Une fois sortie, on nous annonça que tout était loin d’être terminé. Qu’ils allaient nous prendre en chasse. Aussi difficilement soit-il, nous tentâmes de rester fière malgré notre état psychologique. Marchant donc en pressant le pas, nous n’hésitâmes pas à leurs tourner le dos, profitant de notre œil pour les surveiller et vérifier leurs dires.

Sinbad nous suivit sans question, il paraissait relaxé… Van Lester eut un comportement normal dans ce genre de situation : il semblait légèrement douter, mais nous suivit tout de même, surveillant cette famille dont les mœurs étaient plus que douteuse.

Nous nous retrouvâmes rapidement hors de vue de la famille… Toussotant suite à l’irritation de notre gorge. Il devait nous rester environ 7 minutes. Nos problèmes devaient être remis à plus tard. Nous nous arrêtâmes et regardâmes Van Lester dans les yeux… Il ne les détourna pas. Nous lui répondîmes d’un simple sourire… A quoi pouvait bien ressembler notre sourire dans notre état ?

Visiblement, il avait le tact de ne pas poser de question à propos de notre personne… A moins que la situation ne lui permettait tout simplement pas de le faire : réfléchir à une stratégie devenait une priorité, en chasse comme en fuite.

Malheureusement, nos affaires n’étaient pas avec nous et nous étions sur une île inconnue… Le dialogue devrait être possible… Mais probablement seulement lorsque nous serons sur un pied d’égalité… En espérant.

Notre réflexion était troublée… Par nos pensées pessimistes et notre embarras vestimentaire. Nous fûmes donc incapables de réfléchir au moindre plan… Nous continuâmes donc de marcher avec une allure plutôt rapide.

- Je pense qu’on devrait utiliser un appât, qui ne sera pas Kyulin, bien entendu.

Sinbad venait donc d’interrompre le silence, nous nous arrêtâmes donc, voyant Sinbad regarder Van Lester dans les yeux lui montrant bien évidemment ses intentions. Nous ne pouvions pas possiblement laisser Van Lester servir d’appât… Nous étions en colère contre Sinbad pour ces paroles, alors que nous nous retournâmes, nous vîmes Van Lester souffler la fumée de sa cigarette au visage de Sinbad qui semblait visiblement irrité.

- Rêve.

- Hein ? Pour qui tu te prends ? Tu aurais été garanti de mourir si on t’avait laissé en bas. Répondit Sinbad avec une expression souriante pleine de menace…

- C’est vrai et après ? Tu as seulement retardé l'heure de ma mort, ne te félicite pas trop pour ça.

Leurs expression faciales étaient effrayante… Ils menaient visiblement un combat que nous étions incapable de voir, tous deux munis d’un léger sourire pour ne pas perdre contre l’autre. Mais nous n’avions pas le temps, ainsi, nous nous interposâmes, plaçant notre bras droit entre les 2 garçons. Sinbad dans notre dos, Van Lester devant nous. Il devait très probablement s’agir de la première fois que nous étions en colère contre quelqu’un…

Nous signâmes rapidement à Sinbad, qui se mit directement en colère, nous comprenions sa colère, mais si quelqu’un devait jouer le rôle de l’appât, nous qui serions probablement moins utile pour une éventuelle suite de stratégie nous en occuperons.

- Je vous l’ai déjà expliqué non ! S’il le faut je sacrifierai cet homme et les tuerai tous moi-même !

Van Lester ne comprenait probablement pas, nous nous tournâmes vers Sinbad. Visiblement nous étions tous 2 en colère l’un contre l’autre. Nous inspirâmes un coup avant de soupirer et d’essayer de reprendre une expression normale. Pour le moment, nous devions créer le plus de distance possible et avant tout… Nous attrapâmes la cigarette de Van Lester pour l’éteindre sur un arbre, avant de signer à Sinbad, qui soupira puis expliqua d’une voix monotone :

- Désolé, mais la fumée et l’odeur risque de nous rendre trop aisément découvert.

Il reprit une cigarette et l’alluma…

- Ecoute chérie, je veux bien croire qu'on va s'en sortir, mais il connaissent l'île largement mieux que nous, ils sont bien mieux armés que nous et surtout, ils sont bien plus fous que nous, alors si je dois mourir, autant que je meurs avec classe.

Encore une fois, nos pensées retournèrent vers le pessimisme de notre situation… Nous soupirâmes avant de reprendre la marche… Regardant vers le ciel, les étoiles nous indiquaient aisément le nord… Mais nous étions simplement perdus, et cela nous servirait juste à nous perdre plus au nord… Mais au moins, nous pouvions suivre une direction fixe jusqu’à quitter cette forêt.

- Aaah~ Il nous faudrait un plan~

Sinbad venait de couper le silence de notre marche… Il ne restait plus beaucoup de temps et il souriait visiblement… Il avait un plan. Il sortit de ses vêtements un petit Den Den Mushi… Avec ça, il nous fallait juste gagner du temps… Mais il venait de nous faire perdre 10 minutes en ne le disant pas plus tôt…. Ce… Ce-Cet imbécile.

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