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 Paprika

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ebi akuma

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MessageSujet: Paprika   Paprika Icon_minitimeMer 3 Fév - 17:52

Paprika

Moi la crevette maudite, m’engage solennellement par la présente, à venger la mort de mon capitaine et de m’abattre comme un oiseau de malheur sur quiconque aurait l’insolence de s’opposer à mes volontés. Ce bateau dont je détiens les titres de propriété dûment paraphés, je l'ai reçu en héritage de mon capitaine Romulus. Il est mort dans mes bras, victime de cette race de canailles que sont les marines.  Laissez-moi vous raconter la triste fin de mon ami Romulus, que Dieu ait son âme.

Nous naviguions sur les eaux calmes de Notrh Blue, la tête haute, la crinière flottant au vent, un grand sourire plein de dents jaunes, la morve au nez, fiers de notre statut de pirates irrespectueux des lois humiliantes concoctées par les brigands à cravates du gouvernement mondial. Oui,  heureux comme des coqs en pâte après avoir assassiné une vingtaine de malfrats juste pour garder la forme et nous accostâmes sur cette île du nom de Opertale. Le hasard n'a rien à y voir. J'explique. À la suite d'un éclair de génie, j'avais suggéré à Romulus de payer un cours d'orfèvrerie à un de ses matelots dans une école de renom à Orfénouve. Ma suggestion acceptée, nous choisîmes le matelot le moins niais de l'équipage qui, par un heureux hasard avait aussi une tronche honnête, (comprendre stupide). Du nom de Heinrich il hésita mais, entre le choix de se faire instruire ou nourrir les requins, il prit la bonne décision. À la fin de son apprentissage, la bijouterie J'm&Gems l'avait embauché pour travailler à la taille des pierres après avoir trouvé un de leurs employés égorgé dans le parc derrière l’usine.

Mon plan bien que génial souffrait d'une lacune critique. Nous ne pouvions pas communiquer avec Heinrich sans éveiller les soupçons de la meute de gardiens surveillant nuit et jour l'orfèvrerie et la bijouterie attenante. L'obstacle fut contourné par une séquence d’événements assez peu crédibles mais des plus véridiques. Je vous l'assure.

Un soir, esseulé sur le pont du bateau à déguster mon filet d'anguille au poivre en admirant le soleil se noyer à l'horizon dans une explosion de couleurs époustouflantes, j'entendis un furieux battement d'ailes près de mon oreille et l'instant d'après, une corneille s'abattit effrontément dans mon assiette et saisit dans son bec mon filet d'anguille. Rapide comme la diarrhée, j'attrapai les pattes de l'intrus aérien qui laissa aussitôt retomber mon repas. ''Paprika, paprika'' répétait l'oiseau, ses petits yeux comme des perles me suppliant de ne pas lui faire de mal. Le désarroi dans son regard provoqua une déchirante émotion dans mon âme. De pénibles souvenirs jaillirent de mon enfance, triturant mes viscères comme une boulangère malaxe la pâte pour le pain. Je vis dans ses yeux mon propre regard quand les brutes me harcelaient à l'école. Ce rappel mit à vif toutes les cicatrices émotionnelles qui balafraient ma mémoire: la peur que je ressentais, les spasmes dans mon estomac, la honte de ma faiblesse. Non, je ne ferais pas de mal à cet oiseau. Je l'appuyai doucement contre mon torse et flattai sa petite tête noire. La pauvre chose se calmait, les pulsations de son petit coeur ne menaçaient plus de défoncer sa poitrine. Je déchirai un morceau de mon filet d'anguille et le présentai au bec du mendiant ailé alors qu’une idée étonnante germait dans ma tête: une corneille-perroquet ferait un bon espion pour transmettre mes directives à Heinrich. Je négociai donc une entente avec le volatile friand de paprika. L'oiseau transmettrait mes messages et je lui fournirais de bons plats généreusement saupoudrés de son épice préférée. Le petit malin comprenait chacune de mes paroles, j'aurais pu le jurer. Le soir même nous scellâmes le contrat et le surnommé Paprika, couronné premier pirate aérien, se bourra la panse à satiété. 

Il s’en suivit qu’Heinrich put nous instruire des plans de l'usine, des horaires des quarts de travail, des entrées et sorties du personnel autorisé à circuler, de la fréquence des inspections des marines. Ces informations précieuses nous permirent de mettre au point un plan audacieux. Nous ne cherchions pas à faire main basse sur tout l'inventaire de pierres précieuses et ameuter toutes les agences de sécurité de la planète à nos trousses. Pour un vol d'une poignée de diamants, les autorités opteraient sans doute pour étouffer l'affaire au plus sacrant de sorte à ne pas créer d’ émules à ces audacieux brigands. Il en allait également de la réputation de l’établissement, de son statut de forteresse imprenable. De notre côté, il ne fallait surtout pas dérober de diamants célèbres. Une poignée de pierres précieuses suffirait à subvenir à nos projets. Heinrich connaissait mon souhait pour un beau gros diamant rose. Il en serait grassement récompensé. Croix de bois, croix de fer…

Le jour précédent la mise à exécution du projet, Heinrich fut averti de se préparer pour 15:30 le lendemain et de s'en mettre plein les poches. Notre commando se composait du capitaine Romulus et de trois membres d'équipage. Moi-même bien sûr, un pirate surnommé ''la mouche'' du fait de son agilité et l'énorme Drago, au cas où nous aurions à défoncer des portes. Je m'entendais bien avec Drago, un tempérament flegmatique, un matelot docile et discret. Mais l'autre, la mouche, me tombait sérieusement sur les nerfs pour sa compulsion à se mêler dans les conversations des autres à tort et à travers. Je devais reconnaître son talent. Il pouvait escalader un mur pratiquement lisse comme s'il avait des ventouses aux mains et aux pieds.

Nous connaissions bien ce coin de la ville pour y fréquenter régulièrement une maison spéciale où des femelles disponibles pouvaient satisfaire les besoins d'un mâle à un tarif raisonnable. Ce bâtiment se situait à peine un bloc du complexe de l'orfèvrerie. Nous avions loué une chambre pour en faire notre quartier général afin de mettre au point les derniers préparatifs de notre cambriolage. Nous savions pour l'avoir observé plusieurs jours qu'un camion blindé reculait à l'entrée de l'usine à exactement 15 h : 25  pour décharger une cargaison de diamants bruts et repartait aussitôt. Nous en profiterions pour approcher sans attirer l'attention.

On trouvait facilement des costumes de la marine sur le marché noir. Le prix variait de façon inversement proportionnelle au nombre de trous dedans. Vingt minutes avant l'arrivée du camion, trois d'entre nous revêtirent leur costume. La mouche resterait derrière et s'occuperait de récupérer nos vêtements. De l'endroit où nous étions, il fallait à peine une minute et demie pour se rendre à l'entrée du bâtiment.

Tout devait se dérouler très vite... et très vite le tout se déroula. Le camion reparti, les gardes s'affairaient à entrer les caisses de bruts à l'intérieur de l'usine. On pénétra dans la bâtisse bruyamment à la façon des marines. Personne ne sembla trop surpris de notre intrusion. Même les gardes poursuivirent leur travail. Nous connaissions les plans de l'usine, nous savions exactement où trouver Heinrich et il savait exactement à quoi s'attendre. En arrivant dans l' atelier de la taille des pierres, Romulus pointa Heinrich et commanda d'une voix puissante:
--- Arrêtez ce criminel. Un meurtrier notoire échappé de prison.
Nous agrippâmes Heinrich sans ménagement  pendant qu'il hurlait son innocence en se débattant. ‘’Je suis un honnête citoyen’’, se lamentait-il, ‘’il s'agit d'une grossière erreur.’’. Il jouait bien son rôle. Si les gardes à la sortie intervenaient, Drago avait l’autorisation de les écraser sans pitié.

Une fois à l’extérieur, nous avons pu franchir les limites de la ville et pénétrer la lisière de végétation qui séparait la ville du rivage avant que le personnel de l’usine ne s'aperçoive de l'imposture et avertisse les marines. Trois d'entre eux entrèrent dans le bois à notre poursuite. Nous étions sûrs de les avoir semé quand une rafale de mitraillette déchira le silence. Une balle perdue atteint Romulus en pleine poitrine. Il s'affaissa comme un masse. Je me penchai sur lui. Le projectile l’avait traversé de bord en bord. Le sang giclait d’un trou énorme dans son flanc. Il était foutu. Nous l’entourions, tristes et compatissants, conscients de nous trouver en présence de la mort de notre capitaine. Romulus ouvrit les yeux péniblement et me regarda.
''Ebi, donne-moi un baiser.''
'' Quoi ? J'ai mal compris,'' balbutiai-je, embarrassé par la requête inattendue du capitaine.
''Il veut que tu lui donnes un baiser'', répéta la mouche assez fort pour signaler notre présence à trois lieues.
''On t'a sonné, toi grangueule? De quoi j'me mêle, hein!''
J'approchai ma bouche de l'oreille de Romulus en m'assurant de ne pas obstruer la vue de mes deux comparses. Je tenais à dissiper toute confusion sur mon geste. J’approchais seulement son oreille, pas autre chose. Je soufflai à Romulus d’une voix basse :
'' Tu vas mourir. Tu le sais. Prononce tout haut que tu me fais capitaine et me lègues ton rafiot et je vais te donner un baiser. Croix de bois, croix de fer, si je mens je vais en enfer. ''
Romulus commença péniblement.
‘’Crevette... sera...votre...nouveau....capitaine. ……Je ...lui.….lègue…….mon…..……navire.’’

Coïncidence inexplicable, j'avais justement le titre de propriété du navire dans la besace accrochée à ma ceinture. Je montrai le document à Romulus qui n'en revenait pas non plus, les yeux quasiment expulsés des orbites sous l'effet de la surprise. Par malheur le crayon avait  dû fuir par un trou dans le sac car je ne le trouvais plus. À ce moment-là, mon complice Paprika atterrit sur mon épaule, agitant l'article dans sa mignonne petite patte. Il fallait faire vite, Romulus en délire parlait à ses ancêtres. Je plantai le stylo entre ses doigts et guidai sa main sur le papier avant qu'il ne passe l'arme à gauche. Une fois la signature apposée, je me penchai à nouveau près de son oreille.
'' Désolé Romulus. J'irai en enfer.''
‘’Ah ah, j'ai vu cette fois. Il lui a donné un baiser’’, rigola la mouche en sautillant sur place comme un attardé.
Là j’explosai :
‘’Non monsieur, je ne lui ai rien donné. Ne t'avise surtout pas de répandre des cancans à mon sujet.’’
‘’Oui, oui j'ai bien vu.’’ , reprit l’insolent, le maudit niaiseux.
''Aïe, vous autres, pour la tolérance, on repassera hein. Un peu de respect pour les mourants. Vous avez entendu, je serai votre capitaine désormais.''
‘’ Oui, oui, capitaine bisou’’, se moqua la mouche en se tortillant le derrière.
C'en était trop, je me fis menaçant.
‘’Continue comme ça la mouche et je trouverai bien un insecticide pour te régler ton cas.’’
À l'instant même Romulus expira dans un râle effrayant, son haleine expulsant un litre de sang caillebotté de grumeaux blancs, de pus, de morceaux de poumons. Pas beau à voir, je vous le dis.
Hélas, nous n’avions pas le temps d’enterrer décemment notre capitaine. Les marines le trouveraient sûrement avant que des fauves ou les copains de Paprika se chargent de sa dépouille. Nous devions fuir en vitesse.

Une fois de retour sur mon navire, Heinrich vida le contenu de ses poches. Un beau butin. Des diamants de toute sortes taillés à la perfection. L’éclat diamantin des pierres soutirait des exclamations d’émerveillement des matelots. On riait, on sautait. J’autorisai mon équipage à ouvrir le dernier tonneau du précieux ’Itelzbulger Stein dérobé à de vendeurs itinérants assez stupides pour croire qu’on leur payerait la marchandise. Le calme retombé, Heinrich me tira à l’écart en me jetant un regard espiègle et sortit d'une de ses poches un beau gros diamant rose en taille ovale et me le tendit, un sourire fendant son visage d'une oreille à l'autre. Il ne le sut pas mais ce geste lui évita de se faire fouiller à nu pour exposer sa fourberie. Il devait sûrement cacher une ou deux pierres dans la doublure de sa veste, la canaille. Je garderais un œil sur ce chenapan. Un peu trop brillant à mon goût.

*



Dernière édition par ebi akuma le Lun 5 Sep - 5:55, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Paprika   Paprika Icon_minitimeMar 9 Fév - 3:52

Juché sur le gaillard arrière du bateau, j’entrepris d’exercer mes pouvoirs flambants neufs de capitaine de brigantin.
‘’Hissez les voiles, bandes de fainéants. Le fête est terminée. Et n’oubliez pas de lever l’ancre. Attendez-vous que la marine nous colle aux fesses. Direction péninsule de Yurikago. On suit le plan original.''

La marée refluait, tirant notre navire de faible tonnage vers le large. Par un heureux hasard, un brouillard épais s’était levé et couvrait notre fuite des côtes d’Opertale avant que les frégates de la marine puissent s’amener dans les parages et nous prendre en chasse. Assistés de dame nature, nous avons pu dissimuler notre embarcation dans la baie de Yurikago le temps de la déguiser en bateau de plaisance. La coque au-dessus de la ligne de flottaison fut repeinte. Nous avons même sacrifié notre pavillon de pirate le temps de tasser l’affaire. Les incompétents de la marine n’y verraient que du feu. Nous comptions nous rendre sur Legays Greem pour le festival annuel prévu dans une semaine et nous perdre dans la foule. De notre position actuelle le trajet durerait 3 jours en temps normal. Il nous fallait donc attendre un peu avant de lever l’ancre de sorte à se présenter en plein festival.. Contourner l’île Yurikago fréquentée par une meute de fripouilles et de pirates représentait le plus grand danger du voyage pour un bateau de plaisance.  

Romulus avait emporté dans l’au-delà les coordonnées de son contact sur le marché noir, je devrais donc trouver un autre acheteur pour les diamants au plus vite car le cuistot ne savait plus où donner de la tête. La pêche ne couvrait qu’une partie des besoins alimentaires de l’équipage. La soute à biscuits complètement vide, il  restait un dernier sac de 20 kilos de  fèves séchées et des épices. Mais l’équipage n’en pouvait plus de bouffer des ‘’bines’’ et se plaignait de maux de ventre. Les jours sans vent une brume nauséabonde flottait sur le pont. L’odeur commençait même à imprégner la charpente du navire. Paprika, pourtant friand de charognes en avait des haut-le-cœur, c’est tout dire.

'' Je connais quelqu’un qui peut prendre les pierres'', dit la verrue, un barbu au regard fuyant, de nature peu loquace et dont personne ne connaissait l’histoire. Son mutisme n’inspirait guère confiance et les hommes n’osaient pas l’adresser directement par son surnom mais par son prénom Hannibal.
Tout les hommes se tournèrent dans sa direction, surpris d’entendre tant de paroles sortir d’un orifice dissimulé dans la masse de poils sur son visage.
''Où ça ?'', m’enquis-je d’une voix neutre, soucieux de ne pas montrer un intérêt excessif.
''Justement sur Legays Greem'' , répondit la verrue de sa voix rauque.
Tous se rapprochèrent en silence, conscients d’être témoins d’un événement exceptionnel. Jamais la verrue ne s’était livré à pareil abus verbal.
'' Je suis né sur Legays Greem'', continua-t-il. ''Je connais presque tout le monde sur l’île.''
'' D'accord. Je t’attends dans ma cabine tout à l’heure Hannibal. On pourra discuter.''
Nous avons vérifié quelques détails. Il connaissait bien l’île. Il me révéla le nom de son contact, des bribes de son histoire. Sans l’ombre d’un doute, l’affaire était dans le sac !

Deux jours s’écoulèrent et nous avions prévu lever l’ancre le lendemain dès l’aube. Pour le repas du soir, le cuistot nous avait préparé une surprise de taille : de beaux grands filets de sole cuit sur braise et badigeonnés d’une sauce à l’ail tout simplement exquise. Il savait y faire le cuistot avec si peu d’ingrédients. Une heure plus tard, l’estomac gonflé à satiété, la chaleur moite et l’air iodé combinant leurs efforts pour nous amortir,  je me laissai entraîner dans un roupillon irrésistible. Elle est pas belle la vie de pirate ! Allongé sur un hamac tendu entre deux cocotiers,  je me prélassais sur la plage privée de ma luxueuse villa sur mon île personnelle, La tierra del sol. De plantureuses esclaves bronzées vêtues seulement d’une  couronne de feuilles et de colliers de perles me gavaient de boissons exotiques, de raisins, de mandarines. Un de mes estafettes lisait une note de remerciement de l’amiral en chef du corps des marines pour le somptueux cadeau de mariage de sa fille. L’escargophone rouge du mouvement des révolutionnaires sonnait sans répit. Je fis signe à mon comptable de décrocher l’appareil pour savoir qui osait m’importuner pendant ma sieste. Le hamac se balançait d’un côté puis de l’autre.
'' Votre seigneurie la Crevette, Toby Sjneider vous implore de lui accorder une entrevue le plus tôt possible. Il attend votre décision suite à la chute du gouvernement mondial. ''
'' Je le rappellerai dans l’heure. Dites-le lui, je vous prie. ''

Le roulement du hamac s’accentuait. Quelqu’un criait mon nom. La voix hurlait à tout rompre, un cri de désespoir, de panique.
'' Capitaine. Capitaine Crevette. Levez-vous. La tempête fait rage.''
Je m’éveillai en sursaut. Je sautai de mon paillasson -et de mon rêve- sur le plancher mouillé. J’ouvris la porte de ma cabine. Le bateau roulait et tanguait frénétiquement, une houle démoniaque déformait l’océan.
''Ne lâchez-pas les gars , on en a vu d’autres'', criai-je pour encourager l’équipage que je ne voyais même pas dans l’obscurité..
Pour toute réponse je reçus une vague monstrueuse en pleine face et fus projeté contre la paroi intérieure du navire. À moitié étourdi je beuglais des ordres incohérents pendant que la mouche continuait à crier à pleins poumons:  
''Capitaine, Il n’y a plus personne. Détachez-moi. ''
'' Quoi ! Mais qu’est-ce que tu fous attaché au mat? Nom d’un chien, qu’est-ce qui se passe ici ?''
Je détachai la mouche entre deux vagues.
'' Ils sont partis.''
'' Quoi ? Qui sont partis ?  Qu’est-ce que tu racontes? ''
'' Ils nous ont drogué capitaine. Et vous aussi . Ils ont volé les diamants et sont partis avec la chaloupe.''
'' Quoi ? Les crapules. D’accord, on verra ça plus tard. Pour l’instant il faut se sortir de la tempête. Détache les autres, je m’occupe des voiles. ''
Je me ravisai aussitôt.
'' Non, non,  attend la mouche. Aide-moi d’abord à baisser les voiles ou ce qui en reste. Orientons-nous dans le fil du vent. Laissons-les hommes attachés pour le moment, sinon ils risquent de passer par-dessus bord. Il va falloir s’attacher nous aussi mais il faut tenir la barre sinon on coule avec le navire. ''
''On dirait que le vent défraîchit capitaine. Drago se réveille. Je vais le détacher. Il va pouvoir nous aider.''

Ce fut un combat épique mais nous avons survécu, épuisés, trempés comme des chats de gouttière. Nous devions notre salut à une saute de vent providentielle plutôt qu’à notre maîtrise de la navigation.. La tempête se fût-elle prolongée, la mer nous aurait avalés complètement. Une lueur perçait faiblement l’obscurité.
'' C’est l’aube ou le crépuscule ? Je ne sais plus.'', demandai-je d'une voix morte.
'' Le jour va se lever capitaine. '' répondit la mouche.
Assis sur le pont mouillé, adossé au cabestan, les jambes repliées et la tête enfouie entre mes genoux, je subissais une crise de déprime aiguë. Je n’avais même plus l’énergie de lever mes fesses mouillées et de vérifier la cache où j’avais mis les diamants. Mon univers s’écroulait. La vie, la mort, quelle différence !
'' Je suis un mauvais capitaine. Je n’ai rien vu. Je me suis fait berner comme le dernier des imbéciles. ''
'' Tu n’es capitaine que depuis trois jours. On ne peut pas en demander trop. ''
La mouche tentait de me réconforter. Je m’étais tellement gouré. Je ne lui aurais pas tourné le dos de peur d’avoir un poignard entre les omoplates et le voilà qui défendait ma cause.
Drago s’approcha.
'' Écoute Crevette. On est avec toi et c’est tout. Peu importe ce que l’avenir nous réserve. On ne connaît rien d’autre que la mer. Et ce bateau, eh bien, c’est ici qu’on habite. ''
Môme, j’aurais pleuré comme un veau. Je ne savais même plus comment réagir. Un capitaine ne pouvait pas se montrer trop sentimental. Je raclai ma gorge pour avaler mon émotion.
'' D’accord, on ne se laisse pas abattre, les gars. Au fond c’est un mal pour un bien, on a une vraie équipe maintenant. Ça va déchirer j,vous le dis. Croyez-vous que la verrue disait vrai en parlant de ses origines? Il voulait peut-être nous mener en bateau.''
L’expression m’arracha un sourire. Je poursuivis sur un ton égal.
'' Ok, on va réparer les accrocs dans les voiles et remplacer le grand hunier puis on met le cap pour Legays Greem.. S’il est vraiment né là, quelqu’un doit le connaître. Le salaud ne perd rien pour attendre.''



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MessageSujet: Re: Paprika   Paprika Icon_minitimeJeu 11 Fév - 1:35

À mi-chemin entre Opertale et Legays Greem, le vent tomba comme une masse. Le brigantin s’arrêta net de bouger. La faim, la chaleur suffocante,  notre position vulnérable, tout conspirait à saper le moral de la troupe. Fatigués, les gars s’assirent sur le pont adossés au bastingage en attendant la reprise du vent.
‘’La vengeance est un plat qui se mange froid.’’
‘’Qu’est-ce que tu veux dire par là, crevette ? Un plat froid, la vengeance,  Quel rapport entre les deux ? ‘’
‘’Sais pas, moi. Tu poses des questions difficiles, la mouche. J’ai entendu ça quelque part.’’
‘’Ça signifie qu’il faut prendre son temps quand on veut se venger. Ne pas agir à chaud et bien choisir son heure. ‘’
‘’Ah oui ! Eh bien tu m’épates Drago. Tu as fais des études ou quoi ? ‘’
‘’Oui. J’enseignais les langues à l’Université de glace de Sunny Grace.’’
‘’ Hein ! Tu rigoles. Une université de glace ! C’est pas banal ça. Mais qu’est-ce que tu fous ici avec la bande d’ignares que nous sommes? Mais …attends une minute Drago. Hier tu disais ne connaître rien d’autre que la mer.’’
‘’C’était pour t’encourager crevette. Tu n’étais pas beau à voir, tu sais. De plus je ne mentais pas. J’ai tiré un trait sur le passé. Il n’existe plus pour moi. ‘’

Le passé ! Je ne pus m’empêcher de porter ma réflexion sur la nature humaine, sur la complexité de nos vies. Chacun de nous traînait une histoire unique. Drago se trompait, on ne pouvait pas tirer un trait sur le passé. On conduisait chacun son petit bateau sur le grand océan de la vie et notre passé avait installé les voiles et l’armement pour nous permettre de composer avec les obstacles sur notre route. Trop imbu de ma propre personne, les histoires des autres m’avaient laissé de marbre jusqu’à présent. Je m’étonnais des mouvements qui agitaient mon intérieur.  Je me demandai si le sentiment qui montait en moi pouvait s’appeler l’amitié. Ce mot était formellement interdit chez les pirates et pour un capitaine à plus forte raison. Il fallait garder la tête froide en tout temps. ‘’Un matelot doit rester un matelot’’, disait Romulus. ‘’Dans notre métier la mort guette, elle frappe sans prévenir, elle rôde partout comme les loups dans la forêt. Se lier d’amitié rend la mort contagieuse car la perte d’un ami affecte notre propre volonté d’exister. Un matelot remplace un autre matelot. Un ami ne se remplace pas.’’

La mouche me tira de mes pensées.
‘’ Pour en revenir au plat froid, c’est bien beau mais une fois qu’ils auront vendu les diamants et dilapider l’argent, que pourrons-nous faire à part leur trancher la gorge ? On aurait pu réaliser de belles choses avec tous les berrys tirés de la vente de ces diamants: acheter un nouveau navire, de la nourriture, se la couler douce quoi.  ‘’
‘’Arrête la mouche, tu me fous le cafard. J’en avais une envie folle d’un autre bateau. Tu ne peux pas t’imaginer. Mais qu’est-ce qui leur a pris de faire ça ? On formait une bonne équipe. On s’entendait bien. On travaillait ensemble depuis 2 ans. J’ai mal évalué l’impact de la perte de Romulus sur l’équipage.
‘’Non la crevette, intervint Drago. Ils en avaient rien à foutre de Romulus. Ça ne leur est pas venu sur un coup de tête, tu sais. Pour cacher un puissant somnifère pendant tout ce temps,  la verrue avait planifié son méfait de longue date et attendait juste l’occasion de s’en servir. Les diamants lui ont fourni le prétexte.
‘’Je parie mes chaussettes qu’ils vont s’entretuer à la première occasion. ‘’ affirma la mouche.
‘’Sans vouloir t’offenser la mouche. Je ne soutiens pas ton pari. J’ai pas le cœur assez solide pour sentir tes chaussettes.’’
Tous se mirent à rire allègrement du commentaire de Drago, comme si le rire pouvait servir de soupape à notre désarroi.
‘’ En tout cas, ça nous éviterait de le faire.‘’ ajouta la mouche.
Le boiteux resté silencieux jusqu’alors entra dans la conversation.
‘’Moi je n’ai rien foutu dans ma vie. Une plante de maison a une histoire plus palpitante que la mienne.’’
Je fus surpris de la confidence du boiteux, en général très  avare de ses paroles. 
‘’  Laisse-moi en douter le boiteux. Une plante avec une jambe de bois  aurait certainement une histoire à raconter. ‘’

Dans l’entrefaite, Paprika se matérialisa au-dessus de nos têtes avec un sac dans son bec et le laissa tomber devant moi.
’Wow, regardez ce que Paprika nous apporte, dis-je en vidant le contenu du sac sur le plancher. ''Des mûres, des prunes, des bleuets et … des cafards! ''
''Sans vouloir faire les fines bouches, ceux-là on va te les laisser Paprika.''
'' Paprika , paprika'', caqueta l’oiseau en regroupant les insectes avec son bec.
''Ah je comprends . Tu les aimes saupoudrés de ton épice préféré. D’accord, mon beau, je vais en chercher, mais juste un peu.''
'' Bocou Paprika, bocou paprika'', répéta l’oiseau.
‘’Il est intelligent cet oiseau.  Il s’est rendu compte qu’on manquait de nourriture et a pris la décision d’en apporter. Vraiment étonnant.’’
‘’Si vous n’y voyez pas d’objection, on va en faire notre mascotte. On sculptera une figure de proue à son image sur notre prochain navire. ‘’
Je partageai les quelques fruits avec mes compagnons puis, la fatigue nous accablant nous restâmes assis sans bouger.

Soudain une voix tonna dans le silence.
'' Eh les minables, vous nous cherchiez ? Eh bien nous voilà, bande de losers.''
On se redressa comme des ressorts. La mer était si calme que nous n’avions pas entendu  un autre navire glisser à proximité, à vingt mètres à peine. N’eut été de sa voix nous aurions difficilement reconnu la verrue, la barbe taillée, des habits neufs et coiffé d’un tricorne. Il n’avait pas perdu de temps. Je l’avais hautement sous-estimé.
'' On va péter ta sale gueule la verrue. Maudit hypocrite. Tu ne perds rien pour attendre.''
'' Toi la crevette, J’ai jamais digéré ta maudite face de têteux*. Toujours collé sur Romulus comme une sangsue.''
'' T’es rien qu’un sale voleur. C’est nous autres qu’avons pris tous les risques pour ces diamants pendant que tu te branlais dans les bécosses**. ''
'' T’en veux un diamant la crevette? Attends une minute tu vas en recevoir deux gros en plein dans ta putain de gueule. ''
Quelques secondes s’écoulèrent et la voix de la verrue retentit à nouveau.
''Canon numéro un… feu. Canon numéro 2…  feu.''
Un des boulets passa complètement par dessus le parapet du pont, ne touchant à rien, par contre le deuxième atteint la coque en plein centre, un mètre au-dessus de la ligne d’eau.
'' Vous vous rendez et on épargne vos vies. À condition de jurer allégeance à votre nouveau capitaine. Tous sauf la crevette. Une crevette ça vit au fond de l’eau.''
Notre bateau faisait piètre figure à côté du brigantin de l'ennemi. Combien de canons pointaient leur nez à travers les sabords ? Quatre, six ? Je ne pouvais pas demander aux autres de se sacrifier pour moi. Je ne les blâmerais pas, tout vrai pirate n’hésiterait pas une seconde à sauver sa peau au détriment de sa loyauté.
'' Allez-y les gars. Nous n’avons aucune chance. Je reste avec le Rubis.''
Drago n’entendait pourtant pas rejoindre le nouveau capitaine.
'' Va te faire foutre la verrue. ''
Il me vint une idée.
'' J’en vois sept ou huit sur leur navire. J’ai un plan qui pourrait marcher.''
Drago se pencha par-dessus le parapet.
‘’ Ok  la verrue. Laisse-nous réfléchir à ta proposition.‘’ Et se tournant vers moi :'' c'est quoi ton plan crevette? ''
‘’Vous avez deux minutes et je coule votre rafiot.’’ tonitrua la verrue.

 
*Têteux :  flatteur, manipulateur, quelqu’un qui cherche à obtenir les faveurs d’une personne en autorité par la flatterie.
** bécosses : toilettes.

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MessageSujet: Re: Paprika   Paprika Icon_minitimeVen 12 Fév - 22:15

’'Le Loup des mers! Tu aurais dû nommer ton bateau le traître de mers. Le loup est un noble animal. Tu insultes la race.’’
 Alors que j’invectivais copieusement la verrue, la mouche en profita pour enrouler la chaîne d’un boulet autour de mon cou et me tira sauvagement en arrière. Mes gesticulations ne furent d’aucun secours pour parer le violent coup de poing que Drago m’asséna au visage.
'' Tu gagnes la verrue,'' cria Drago, ''je me range de ton bord. Tu vas voir ce qu’on en fait de la crevette ? ''
Saisissant la chaîne autour de mon cou, Drago abattit son autre bras sur ma tête. Il n’y allait pas de main morte. Même si un acteur professionnel aurait envié la crédibilité de sa gestuelle, je ressentis les vibrations du choc jusqu’au bout des orteils. Mais au lieu de me défoncer le crâne, son bras avait labouré le côté de mon visage et je dus étouffer un hurlement de douleur. Sans montrer la moindre pitié il me retourna brusquement et me comprima contre le garde corps du navire. Alors que je récupérais mon souffle, la mouche attacha mes mains derrière mon dos à l’aide d’une lanière de chanvre. Je n’avais pas à faire semblant, j’étais étourdi. Ballotté comme un pantin de chiffon je me retrouvai plié par dessus le rebord du parapet. Tout en tenant la chaîne qui me déchirait la peau du cou, Drago porta son autre main à mon entrejambe et me souleva carrément au dessus de sa tête…
'' Tu as raison la verrue, une crevette ça vit dans la mer.''
et il me projeta comme il l’aurait fait un mannequin de paille. J’avais dit à Drago de me lancer aussi loin qu’il pouvait. Je faillis le regretter. Cet homme avait la force de deux taureaux. Je fis un vol plané sur dix mètres avant de frapper l’eau tête première. Les mains liées dans le dos et le boulet autour de mon cou je coulai comme une roche. La mise en scène devait respecter la réalité à s’y méprendre car à n’en pas douter, tous les spectateurs avaient les yeux rivés sur l’action. J’attendis le plus longtemps possible avant de bouger. Le succès de mon plan reposait sur de nombreuses variables difficiles à mettre en équation. Mes vêtements sombres et l’angle de vision des observateurs jouaient en ma faveur pour disperser la réfraction de mon corps s’enfonçant dans l’eau verte de la mer. Combien de temps s’était écoulé ? L’éternité ? Je commençais à sentir la pression de l’eau, l’obscurité se refermait autour de moi, mes poumons exigeaient de l’air.  Je levai la tête. Les silhouettes des deux bateaux flottaient à bonne distance au-dessus dans un halo de lumière bleu vert. Ils me croyaient sûrement mort. À cette profondeur ils ne pouvaient plus me voir. Une sensation d’engourdissement s’emparait de mon corps, tout fonctionnait au ralenti comme sous un effet de narcose. Je me dégageai du lien autour de mes poignets puis retirai le chaîne de mon cou. Libre de mes entraves je nageai en direction du Loup des mers, passai sous sa quille et remontai de l’autre côté. Je pus enfin sortir la tête de l’eau et prendre une longue bouffée d’air. Un moment d’ivresse ! Il était temps. Je sentis la vie retourner dans mon corps, l’oxygène recharger mon sang appauvri. Je me laissai bercer un moment par la sensation de revivre. Pas longtemps, la gravité de la situation réclamait ma concentration. Je me tins aussi près que possible de la coque pour exploiter la courbure du ventre du bateau.  Je faisais le pari que tous les hommes à bord scrutaient encore la surface de la mer pour voir mon cadavre émerger. La première étape de mon plan avait fonctionné correctement. Il me restait maintenant à monter sur le pont sans déclencher l’alerte. Des deux options envisageables je préférais me hisser directement au milieu du navire en me servant des dalots pour évacuer l’eau du pont principal ou de l’ouverture pratiquée dans le bastingage pour l’embarquement. Le franc-bord du navire faisait un peu plus d’un mètre, le niveau du pont était tout à fait atteignable. L’autre option, l’échelle de poupe, m’aurait rendu la tâche plus facile mais vu son emplacement j’aurais couru un risque trop élevé de signaler ma présence. J’entendais les hommes parler. Ils discutaient. De toute évidence, la verrue hésitait à prendre à bord ses anciens compagnons. N’eut été de Drago, il aurait froidement signé leur avis de décès mais un matelot de la trempe de Drago valait son pesant d’or. Sentant son hésitation Drago joua sur les sentiments.
''Écoute la verrue. La crevette est hors jeu. Tout redevient comme avant. On formait une bonne équipe. Tu t'en souviens.''
'' Ok, nous allons lancer un grappin pour tirer  le navire. Préparez le planchon vous autres, '' ordonna la verrue en s’adressant aux nouveaux de l’équipage. 

J’attendis patiemment. Tous les hommes me tournaient le dos. Rien d'étonnant puisque l’action se déroulait à bâbord. Finalement les deux navires se rapprochèrent assez pour permettre la mise en place du planchon. Je vis la mouche s’y engager le premier puis Drago y monta en aidant le boiteux derrière lui. Je choisis ce moment précis pour monter sur le pont. Tout le succès de mon plan dépendait de l’effet surprise et du timing.
La mouche fut le premier à traverser puis Drago mit le pied sur le pont. J’attendais ce signal dans ma tête. Sans hésiter je m’avançai et enfonçai ma dague dans les reins du requin. Il s’écroula en poussant un grognement d’animal. Les autres se retournèrent, incrédules. Profitant de la paralysie momentanée provoquée par la surprise, je tranchai la gorge du morveux d’un mouvement latéral alors que Drago abattait sa massue sur le crâne de la verrue. La mouche avait pris le chauve à partie et le transperça de son sabre d’abordage. Tout se déroula en 30 secondes. Il ne restait que la pie debout. Il leva les bras en l’air dans un geste de reddition. Les trois nouveaux avaient eu la sagesse de se tenir à l’écart et ne pas se mêler de l’escarmouche. Les bras levés au-dessus de leur tête, l’un d’eux plaida leur cause.
''Nous n’avons rien à voir dans vos histoires. On nous a engagé comme matelots il y a deux jours à peine.''
'' Si vous tenez à la vie, ne faites pas un geste. Nous aurons besoin de matelots,’’ dis-je simplement en me tournant vers la pie ‘’mais n’avons pas besoin de traîtres. Il en manque un. Heinrich, où est-il ? Parle sinon tu es mort.’’

'' Je ne sais pas. C’était son idée.''
''Quoi ? tu veux dire qu’Heinrich est l’instigateur de la mutinerie. Pas la verrue ?''
''Oui c’est Heinrich. C’est lui qui a rapporté la drogue pour vous endormir. Il en a trouvé sur Opertale.''
'' J’aurais dû m’en douter. Mais un détail m’intrigue, comment avez-vous réussi à vous rendre à Legays Greem en si peu de temps ? ''
''On n’est jamais allé à Legays Greem. La verrue en a parlé pour vous mettre sur une fausse piste. Nous sommes retournés sur Opertale. Heinrich avait prévu un contact pour passer les diamants. Il les a vendu et a acheté ce navire. Il avait déjà négocié l’achat avant même d’avoir les pierres.''
''Il nous a bien roulé, ce fumier. Alors où-est-il, ce brillant stratège.?''
'' J’sais pas . Il est tombé à l’eau. Lui et la verrue ont eu une dispute hier soir. Ce matin la verrue nous a dit que Heinrich était tombé à la mer. ''
'' Ah oui ! Où ? Quand. ? ''
'' Hier soir. ''
'' Tu t’es acoquiné à une belle brochette de crapules, la pie.''
'' Je sais. Je le regrette amèrement. Donne-moi une chance crevette. Je vais te prouver ma loyauté.''
''- Une chance?  Bien sûr la pie. Je vais te donner la chance de ta vie.  Je te nomme capitaine .''
'' Hein ?''
'' Et pour montrer que ma générosité n’a pas de limite, je te fais cadeau d’un navire.''
Je pointai le Rubis. 
'' Mais il va couler ce rafiot. L’eau rentre par le trou.''
'' Tiens, c’est vrai ça.  J’aurais juré que le boulet l’avait touché plus haut. Mais c’est pas mon problème, la pie.  C’est ton bateau. Tu as 10 secondes pour te décider. Le planchon est encore en place. Profites-en pour le rejoindre, la tête haute comme un vrai capitaine, sinon tu vas devoir le faire à la nage. Nous on a d’autres horizons à explorer. Pas vrai les gars ? ''
'' mais...'' bafouilla la pie en s’approchant du planchon sous l'oeil menaçant de Drago.
'' 9, 8…7….6.  Adieu la pie. ''
 Je me tournai vers les nouveaux.
‘’Alors, comment doit-on vous appeler ? Les jumeaux ? ‘’
‘’ Oui, tout le monde nous appelle comme ça, les jumeaux.  Lui c’est Gus, le cuisinier. ‘’
‘’ Un cuisinier hein ?  Ça tombe on ne peut mieux. Gus, tu as une heure pour nous préparer non pas un repas mais un festin pour tout le monde. Les jumeaux, dégagez le pont de la racaille. Ensuite aidez notre cuisinier. On poursuivra les présentations plus tard,  sur un ventre plein.’’
Le vent se levait à nouveau soulevant la vague. Le Rubis ne tiendrait pas longtemps. Il appartenait déjà au passé. Mais l’avenir, que nous réservait-il ?
À bien y penser, quelle question idiote. Un pirate vit au présent.
*************
Fin de cette partie.


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MessageSujet: Re: Paprika   Paprika Icon_minitimeDim 14 Fév - 18:02

La Confrérie
 
Trois jours s’écoulèrent suite à la capture du Loup des mers. Nous avions fait l’inventaire de l’accastillage, de l’armement, de la nourriture à bord. Tout baignait dans l’huile. Des liasses de berrys dans la cabine de feu la verrue me permirent de payer l’arrérage des membres d’équipage. Les matelots avaient lavé le pont, nettoyé la cale, classé les voiles de rechange dans la soute et lavé leur vêtements pour être présentables au festival de Legays Greem le lendemain. Le navire dans un état impeccable, les matelots se reposaient sur le pont, les uns assis sur des enroulements de cordages, d’autres sur les planches de l’écoutille ou encore sur des seaux à l’envers. Le soleil descendait à l’horizon, un vent léger rendait la canicule supportable, le moral de la troupe se portait à merveille.

Une bouteille de vin circulait entre les membres de l’équipe. Un observateur le moindrement perspicace aurait relevé une constante dans les relations personnelles qui s’exerce même sur les navires de pirates. Un vieux diction la résume très bien: ‘’qui se ressemble s’assemble’’. En d’autres termes, tout groupe se purge des éléments indésirables pour en venir à constituer un bloc solide et homogène. Je notai la mise en place incontournable de cette loi en observant l’ambiance de l’équipage. Les défauts évidents de chacun, l’égoïsme crapuleux, la cupidité criminelle, la cruauté légendaire, au lieu de provoquer un chaos destructeur fusionnaient pour former un alliage inoxydable. Pour la première fois de leur vie ces hommes se sentaient en famille, parmi les siens.  Je proposai une idée qui trottait dans ma tête depuis un bout de temps.
'' J’ai réfléchi les amis et maintenant qu’on a un navire et un équipage performants, j’en suis venu à la conclusion qu’on aurait avantage à s’associer avec d’autres pirates pour constituer une flotte gigantesque. À partir de là on pourrait monter de grands projets de conquête.''
'' Oui, moi je bouille de raser une base de la marine et d’en accrocher un ou deux par les couilles à la proue du navire. Mais les pirates ne sont pas reconnus pour fraterniser ? Vous autres en connaissez-vous des pirates…. des vrais pirates, j’veux dire ?'' demanda le boiteux.
'' Pour ma part, je vois un obstacle de taille à ton projet crevette,'' commenta Drago. ''Ils ne sont pas tous fréquentables ces pirates. Prenons ce Sephiroth, un vrai animal à ce qu’on dit. J’ai entendu des histoires à faire dresser les cheveux sur la tête à son sujet. Un vrai malade mental. On le dit même responsable de la destruction  de la Cathédrale de Garden Grace. ''
'' On est des enfants de chœur à côté des énergumènes pareilles. Il nous font une très mauvaise réputation, '' renchérit le boiteux.

La mouche décida d’y ajouter son grain de sel :
'' Ce n’est même pas un vrai humain. On ne peut pas se mettre en affaire avec un tueur pareil. Imaginez un peu qu’on l’invite à bord pour souper, en gentlemen que nous sommes. Monsieur n’apprécie pas la soupe, il se met en rogne et nous flambe toute la maudite gang. Nous sommes des pirates, pas des maniaques. Moi je verrais mieux nous associer avec des personnages plus attirants,  la belle Scarlet par exemple. ''
Là je dus intervenir pour rappeler les règles de la piraterie.
‘’Une pirate ? Ah non, pas question. Strictement interdit. Les femelles sèment toujours la bisbille dans un groupe d’hommes. C’est bien connu.  Imaginez une minute la Scarlet en plein milieu du pont à se déhancher comme un geisha, montrant ses grandes cuisses à qui veut bien se rincer l’oeil. C’est de la dynamite sur deux pattes. De plus elle n’est pas commode à ce qu’on dit.’’
‘’ Moi je glisserais volontiers ma main entre ses belles grandes cuisses, ça l’adoucirait sûrement’’ '', persista la mouche.
'' J’te vois la mouche draguer la Scarlet. Ça doit pas être de tout repos dans un lit ct’affaire-là. T’es déjà pas trop gras, une semaine de jambes en l’air et tu ressemblerais à un paquet d’os. Tous les chiens te courraient après. ''

Le boiteux plus en verve qu’à l’habitude, le vin déliant les langues, poursuivit dans la même veine.
‘’ C’est quand même une belle créature, avouons-le. Mais une créature de deux mètres, moi je passe mon tour. Tant qu’à choisir, j’aimerais mieux la Lumen. Un beau p’tit pétard* si j’en juge par son portrait robot sur les affiches. Un peu sautée mais plutôt mignonne la p’tite gueuse. Je suis convaincu que sous sa coquille de dure, elle attend le grand amour.''
‘’Ah oui ! Et bien sûr son grand amour c’est toi le boiteux,'' rigola la mouche. ''Tu pourrais toujours te servir de ta jambe de bois si ton p’tit machin perdait de sa vigueur.’’
Tout les matelots se mirent à rire de bon cœur.
‘’Vous êtes cons. De toute manière pas question qu’on embarque des pirates femelles, la crevette l’a dit.’’ 
‘’ Il y a tout de même plusieurs femmes pirates, commença Drago qui fut enseignant dans une autre vie. ''La piraterie a d’abord été une affaire d’hommes puis graduellement des femmes on rejoint l’équipage,  comme esclaves puis d’autres sont venues de leur plein gré pour suivre leur amant puis enfin d’autres par goût de l’aventure. Et aujourd’hui on a même des femmes capitaines. La Lumen est capitaine. ''
'' C’est le monde à l’envers. Où est-ce que la société s’en va, ma foi du bon dieu !'' dit le boiteux en se branlant la tête.

Je profitai de la désespérance du boiteux pour réorienter le sujet de la discussion.
'' Je crois qu’il faut s’adresser à la relève pour former une nouvelle génération de pirate plus avertis. Par exemple, un jeune qui a fait la une des journaux dernièrement a particulièrement retenu mon attention. On le dit  fils du diable. Il faisait partie des révolutionnaires mais a changé d’allégeance. Il est devenu pirate.''
'' Le fils du diable. Ça fait un peu peur, '' osa un des jumeaux.
'' Ne vous en en faites pas les jumeaux, aux dernières nouvelles il naviguait sur East Blue. Les risques de le croiser sont plutôt minces. ''
'' Justement la crevette, argumenta la mouche, ''comment vas-tu contourner ce problème? On ne peut pas passer d’une mer à l’autre avec un navire, comment faire pour monter une flotte de pirates quand on ne peut même pas naviguer sur les mêmes mers ?''
Drago en profita pour exprimer son idée là-dessus.
'' À ce sujet, j’ai entendu mon père un jour raconter une chose étrange. J’étais tout petit et il me tenait sur ses genoux. Il parlait à ses amis pirates d’un passage qui liait toutes les mers. On sait comment le Redline fait le tour de la planète en la coupant en deux. Puis dans l’autre sens le Calmbelt la divise à son tour en quartiers pratiquement égaux. Eh bien, mon père disait qu’à une des deux intersections du Redline et de la Calm belt se produisait un phénomène étonnant, voire inexplicable. Il prit un papier pour mieux communiquer sa pensée. Il dessina une croix. Cette croix représentait le point de jonction de Redline et de la Calmbelt. Ensuite il traça un cercle tout autour de la croix. Le cercle représentait un canal qui entourait toute la zone. ‘’ Comme vous voyez, disait-il, le Redline est brisé aux deux endroits où passe ce canal, isolant une section de terre et créant une île à l’intérieur du cercle. Ce canal forme un rond-point au carrefour de toutes les mers de la planète mais bizarrement  il n’est pas visible pour le commun des mortels. Une sorte d’illusion d’optique le dissimule à la vue. Seuls les initiés peuvent l’emprunter. Mon père affirmait que c’est là, sur cette île, qu’est planqué le gouvernement mondial. Il était un grand pirate mon père, vous savez. Il nous aimait beaucoup et apportait des cadeaux à chaque fois qu’il revenait à la maison. ''
'' Peut-être que le One piece est aussi sur cette île. Le gouvernement en a fermé l’accès pour que personne ne puisse le trouver.''
La mouche semblait tout à fait d’accord avec le boiteux et en rajouta :
‘’ Peut-être qu’ils l’ont trouvé justement et ne veulent pas qu’on le sache. Comment pensez-vous qu’ils parviennent à payer tout ce beau monde qui travaille pour eux, des milliers de marines et tout leur arsenal. Y a anguille sous roche, moi je vous le dis. ‘’
.
‘’Tu as parfaitement raison la mouche. Voilà pourquoi je veux monter une organisation capable de les affronter. La Confrérie des pirates. Il n’y a pas d’autre façon de renverser ce régime de criminels et de s’emparer du pouvoir. Nous allons placarder des affiches sur chaque île pour attirer des adeptes. Aussi nous allons devoir créer une marque secrète, un tatouage peut-être, pour prévenir les infiltrations de la marine et communiquer en messages cryptés. N’oubliez jamais ce judicieux proverbe grec: ‘’on appelle pirate celui qui pille avec un petit vaisseau ; celui qui pille avec un grand navire s’appelle un conquérant.’’ Nous avons déjà perdu trop de temps. Rappelez-vous la leçon de la fable:  la tortue ayant trop attendu avant de partir, le lièvre a réussi à remporter la course.’’
 
‘’C’est pas… c’est pas  le contraire ?’’

* Un beau p'tit pétard : une belle fille.


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MessageSujet: Re: Paprika   Paprika Icon_minitimeMer 17 Fév - 18:20

Journal de bord
7 juillet de l’an de grâce….
…..à bord d’un imposant navire acquit du fruit de leur fourberie, les mutins ouvrirent un feu nourri sur l’ embarcation vulnérable du Capitaine Crevette. N’écoutant que son courage, ce dernier plongea dans les eaux glacées infestées de requins et traversa sous l’eau la distance entre les deux navires. Après de longues minutes d’apnée il émergea de l’autre côté du vaisseau ennemi. Escaladant la coque rugueuse de ses mains nues, il franchit d’un bond le bastingage du navire et sauta sur le pont. Douze colosses armés jusqu’aux dents se ruèrent sur lui, leurs regards fiévreux, l’écume dégoulinant de leurs gueules bestiales. Mu par le seul souci de sauver son équipage en péril confiné sur son navire criblé de trous comme un fromage emmental s’enfonçant inexorablement dans l’abîme, capitaine Crevette s’avança et transperça le premier de son sabre, puis s’élançant dans un gracieux boucle piqué il trancha la tête de deux autres malfrats d’un seul coup de sabre alors même que sa dague dans l’autre main sectionna la carotide d’un troisième brigand. Déterminé à en finir, il enchaîna une série de mouvements d’une précision stupéfiante: saut écarté, arabesque et spirales suivis d’un demi-lutz mortel. Enfin, mobilisant toutes ses énergies pour le coup de grâce, il s’élança dans un impeccable triple axel et terrassa les derniers traîtres sans merci. Il jeta alors un regard froid sur les cadavres jonchant le pont. Voilà le sort réservé aux traîtres, pensa-t-il. Saisissant quatre bouées de sauvetage, il les lança aux membres de son équipage applaudissant leur capitaine à tout rompre. 
 
On cogna à la porte de ma cabine.
'' Capitaine crevette?''
'' Oui le mouche. Que veux-tu?''
'' La soupe est prête.''
''D’accord, je vous rejoins dans 15 minutes. Commencez sans moi. Je remplis le journal de bord pendant que les derniers événements sont encore frais à ma mémoire.''
 
Malgré son jeune âge et les lacunes de son éducation, Crevette se rendait compte qu’il était né sur une planète plutôt ‘’fuckée.’’ Alors que le gros pourcentage de la population correspondait au type Homo Sapiens standard, certains personnages se démarquaient par des pouvoirs surprenants, démesurés. Comment expliquer ce phénomène ? Des légendes urbaines circulaient à propos de ces fameux –et hypothétiques-  fruits du démon que la rumeur tenait  responsables de ces anomalies. À quoi ressemblaient ces fameux fruits, pouvait-on les ingérer par accident, pouvait-on les acheter sur un marché de contrebande et choisir un pouvoir spécifique dans une liste d’épicerie ? Et s’ils se fixaient de façon permanente, ces pouvoirs pouvaient-ils se transmettre par hérédité?
Toutes ces questions tarabustaient les méninges de notre héros. Il  se jura d’en avoir le cœur net.
______________________________

 
Je refermai le journal de bord. La Grande Histoire est truffée de mensonges. Un de plus, un de moins qu’importe. Dans cent ans, mes lecteurs vont adorer. 
 
Plus on connaît une personne et mieux on peut la manipuler. Je me fais un devoir de connaître mes matelots.
La mouche avait subi le supplice d’un père violent. Par conséquent, il rejetait l’autorité de façon viscérale mais en même temps il recherchait une figure dominante. La contradiction apparente s’expliquait par son désir inconscient de réparer le passé. Il était devenu méchant non par goût mais par nécessité. Pour obtenir son dévouement, il fallait savoir le récompenser, l’encourager comme un gamin malgré ses trente ans. Dans son cas, je me prêtai au rôle de père substitut non par grandeur d’âme mais par simple calcul.                         
Drago n’avait pas souffert physiquement. En dépit de sa taille et de sa puissance il cultivait un complexe d’infériorité. Sa femme l’avait trompé. Je n’ai pas cherché à en connaître les détails. J’ai deviné. Ses organes génitaux n’avaient pas suivi le rythme de croissance du reste de son corps. D’ailleurs, cette condition n’était pas étrangère à son départ de l’enseignement. Trois étudiants l’avaient surpris dans la douche et avaient commis l’erreur fatale de se moquer. Drago les avait réduit à un silence éternel. Sinon il était un homme doux et tolérant. 
Le boiteux pratiquait son métier de menuisier jusqu’à ce qu’une blessure à la cheville s’infecte et que la gangrène s’y installe. Les médecins avaient dû lui couper la jambe au-dessous du genou. Il avait très mal pris l’amputation. Congédié par un contremaître baveux,.le boiteux avait saisit un madrier et réduit le baveux en bouillie à force de le rouer de coups. Il dut s’enfuir de la ville. Par la suite, Romulus l’avait engagé comme menuisier et aide-cuisinier. Son handicap le rendait fidèle.
 
Le passage à Legays Greem fit le plus grand bien à tout le monde. À notre arrivée le carnaval battait son plein. La musique sortait de partout. Toutes les îles de l’archipel s’impliquaient dans la fête. La flore en pleine effervescence sous le soleil ardent offrait un spectacle haut en couleurs. On voyait des fleurs partout. Les organisateurs avaient prévu des activités pour amuser toute la gamme d’âges, des tout-petits aux plus grands. De nombreux carrousels offraient des balades pour un coût dérisoire de sorte qu’une nuée de gamins fourmillaient tout autour. Les plus âgés se regroupaient pour monter sur les manèges plus grands. Une roue verticale gigantesque munie d’une centaine de sièges tournait en permanence, plus loin un mécanisme ingénieux virevoltait des bancs dans le vide sous l’effet centrifuge, à un autre endroit un train de petits chariots filait à toute allure sur des rails dans une course effrénée à travers des collines abruptes. Partout des jongleurs jonglaient , des danseurs dansaient. Une multitude de kiosques offraient des jeux d’adresse; des breuvages, des friandises. Tout le décor exaltait l’ambiance du festival. L’espace entre deux îles rapprochées avait été ceinturé pour former une piscine monstre où les gens venaient se rafraîchir sous l’œil vigilant de sauveteurs perchés sur des structures en bois. Une idée géniale des promoteurs,.
 
Je perdis mes hommes de vue aussitôt le pied sur la terre ferme. La chasse au jupons était ouverte. Vêtus convenablement, les poches pleines de billets, ils pouvaient aisément passer pour des gens normaux. De mon côté, je portais l’accoutrement  typique d’un capitaine de pirates, pantalon et chemise souples , bottes de corsaires repliées au sommet, ceinture de cuir armée d’une dague, d’un sabre et d’un pistolet à un coup habilement camouflé, une boucle en or à l’oreille et finalement  le tricorne orné de plumes d’autruche. Je me trouvais pas mal beau. L’occasion se présenterait sûrement de tester mon charme mais pour le moment un projet plus utile me tenait à cœur, je voulais vérifier le bien-fondé d’une rumeur. Les gens de mon village avaient souvent évoqué l’existence d’un vieux sorcier qui savait où trouver les fruits du démon. Il vivait dans une grotte tout en haut de la seule montagne sur Legays Greem.
 
L’archipel tenait son existence à une série d’éruptions volcaniques en des temps géologiques et l’érosion avait depuis aplani les aspérités sauf pour cette montagne. J’adore les choses faciles. On ne pouvait pas s’y tromper, on voyait la montagne de partout sur l’archipel. Je payai un fermier pour qu’il m’y conduise dans son chariot tiré par un âne. Il accepta gentiment en échange d’une poignée de berrys. La menace de lui trancher la tête en cas de refus joua aussi pour influencer sa décision. Il m’indiqua le sentier à emprunter pour trouver la grotte du sorcier  À mi-hauteur sur le flanc de la montagne Paprika me fit la surprise d’atterrir sur mon épaule et frotta sa tête contre ma joue. À l’entrée de la grotte un vieil homme assis par terre dans la posture du Lotus gesticulait en prononçant des incantations incompréhensibles. Il interrompit ses mouvements et me regarda sans montrer d’émotion..
' Approche capitaine Crevette et assied-toi. Je t’ai préparé un siège,'' dit l’homme à la peau toute plissée.
'' Comment sais-tu mon nom vieil homme ?''
'' Je suis sorcier.''
'' Je vois. Puis-je te poser une question personnelle ?''
'' Bien sûr.''
'' Pourquoi les vieux sorciers sont toujours … noirs ?''
'' La raison en est simple, le noir absorbe mieux les ondes transcendantales de la conscience pure. Nous pouvons ainsi intercepter les conversations des âmes dans la dimension où elles se regroupent. Nous pouvons aussi comprendre le langage des animaux. L’oiseau sur ton épaule par exemple.'' 
'' Ah oui ! Tu peux parler à Paprika ? Et il te comprendrait.''
'' Parfaitement. '' répondit le sorcier.
'' Si tu dis vrai, demande-lui gentiment de ne plus chier sur mon épaule. Il s’échappe de temps à autre. ''
Le vieil homme tendit son bras et sortit un petit flacon d’un coffret posé par terre à sa droite.
'' Bois ce flacon.''
'' Pourquoi je te ferais confiance? Si tu tentes de me jeter un sort, je te tranche la gorge.''
'' Tu me prêtes de mauvaises intentions. Je t’offre ce flacon pour te permettre de parler toi-même à ton oiseau. ''
'' Tu me niaises, là.''
'' Non je t’assure. Prends-le. Ça ne t’engage à rien. Une seule goutte te permettra de communiquer avec ton volatile. ''
'' Je vais y réfléchir. Je suis venu te voir pour une raison plus conséquente. Je veux savoir où trouver les fruits du démon. On m’a dit que tu en connais un chapitre à ce sujet.''
*


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MessageSujet: Re: Paprika   Paprika Icon_minitimeSam 20 Fév - 17:02

''Si tu avais ces pouvoirs, t’en servirais-tu pour faire le bien ou le mal ? ‘’
'' Ta question n’est pas honnête. La notion du bien et du mal  est flexible. Elle s’ajuste aux circonstances.’’
 
Le vieux me baragouina une histoire à dormir debout. Au tout début de notre civilisation, prétendait-il, ces fruits poussaient à l’état sauvage, ce qui donna naissance à une génération d’êtres surhumains. La rivalité entre certains clans provoqua des confrontations titanesques, confinées cependant à un niveau local. Des individus calculateurs et véreux, politiciens de nature, y virent l’opportunité de former des armées invincibles et de s’imposer en rois et maîtres partout sur la planète. Disposant de fruits de plus en plus sophistiqués et de moyens importants ils construisirent des navires gigantesques et envahirent une à une les îles de la planète, soumettant tous les peuples en esclavage. Ils brûlèrent toute végétation jusqu’à la racine pour éliminer la propagation des fruits du démon et par là décourager toute rébellion. Mais pour maintenir leur puissance il fallait un apport régulier de ces fruits du démon car l’effet se dissipait éventuellement……..

Voyant que je baillais aux corneilles, le sorcier interrompit son cours d’histoire et admit qu’il n’en savait foutrement rien comment trouver les fruits en question rien mais puisqu’il m’aimait bien – allez savoir pourquoi ! - il me fit cadeau d’une bague spéciale. Pas du toc, je vous le dis. La bande massive plaquée or me plut du premier coup d’œil. Le galerie exhibait une éblouissante émeraude rectangulaire tenue par de fines griffes en or. Le sorcier me montra comment la pierre servait de couvercle à bascule dissimulant une petite cavité contenant deux doses d’un concentré de fruits du démon. Il m’assura que cette poudre pourrait un jour me sauver la vie. Par contre le seul moyen de connaître la teneur du produit consistait à l’ingérer.
‘’ Satisfaction garantie ou argent remis’’, lança le sorcier en rigolant.
Le bonhomme avait le sens de l’humour. Je le quittai peu après sur des formules banales de courtoisie genre :  garder le contact, saluer les amis, remerciements, promesse de revenir en visite, et patati et patata. 
 
De retour sur le Loup de mers, j’accordai une journée de repos à mes matelots repus de débauche et probablement infectés jusqu’à l’os de maladies honteuses. Toute chose a un bon côté et l’espérance de vie relativement brève du métier de pirate permettait rarement à une maladie à progression lente de tuer son hôte. Ces hommes habitués à faire face à la mort au quotidien se souciaient davantage du climat inquiétant qui s’installait sur North Blue. On ne voyait plus un chat nulle part. Plus de pirates, plus de marines ni de chasseurs de primes, plus de révolutionnaires. Mais où donc était passé tout le monde ? La nature a horreur du vide. Un prédateur sans proie ne peut survivre.

Eh bien, puisque tout le monde se retirait pour nous laisser le champ libre, je décidai de profiter de la situation. Je convoquai les marins sur le pont.
'' Messieurs, la direction du Loup des mers a  pris en considération la santé mentale de l’équipage et a mis en place un programme élaboré de sabotages, pillages, destructions de biens publics qui sera proposé à l’équipe dans l’heure. L’inactivité des derniers jours et le risque de sclérose me pousse à privilégier une approche graduelle pour se replonger dans l’ambiance et se refaire la main. Nous allons donc dévaliser des banques et centres d’achats en premier lieu. Par la suite, il nous restera à déterminer quel base de la marine sera la première effacée de la surface de la planète. La direction vous prie de réduire au minimum les dommages collatéraux pour ne pas se mettre à dos la population. Nous voulons présenter notre organisation sous la bannière de justiciers des mers dispatchées sur ordres divins de sorte à s’attirer la sympathie des gens crédules. La propagande officielle exploiterait sans vergogne la naïveté de la populace dans le dessein d’exposer la duplicité du Gouvernement mondial.''
 
Dans ma cabine je ne chômai pas. Je m’appliquai à compléter l’affiche destinée à promouvoir le mouvement de confrérie des pirates.

produit final:

Au cours de la semaine suivante, l’affiche fut reproduite et affichée sur plusieurs îles. Bien sûr je m’attendais à recevoir des appels bidons et des tentatives d’infiltrations de la part de la marine ou des chasseurs de primes. J’avais prévu une méthode infaillible pour séparer le bon grain de l’ivraie: la torture.
Je ne voulais pas procéder trop vite et mon affiche visait surtout à donner une certaine notoriété à mon surnom. L’initiative provoquerait sans doute de la curiosité, voire de la moquerie. Je doutais fort que le Gouvernement Mondial y vît une menace imminente.
 
Dans l’attente de réponses à mon invitation, je m’instruisis de l’organigramme de la marine, de l’emplacements de ses bases, de ses pratiques. Idéalement il faudrait infiltrer l’institution pour en connaître les rouages
Je pris des informations sur la nature de l’Armée Révolutionnaire.
‘’ Morbleu! Mais c’est pas possible. Je suis le dernier des crétins.’’ m'écriai-je  en me cognant la tête contre les murs.
Je faillis en tomber par terre. Je n’en revenais pas. La concordance de mes idées avec l’idéologie de leur mouvement me fit perdre l’équilibre. Moi qui croyait innover, créer un mouvement inédit, il existait déjà. J’étais un pirate révolutionnaire. Quelle bourde ! Je serais la risée de la planète avec mon affiche. Pis encore je risquais de m’attirer les foudres de l’Armée Révolutionnaire y voyant un vulgaire plagiat de leur doctrine. J’étais dans la m..de épaisse !
 
Tant pis, j’allais vivre avec ma décision! D’ailleurs, à bien y réfléchir, je proposais une confrérie de pirates. Rien à voir avec leur armée de terre. Nous pouvions très bien co-habiter. À bien des égards, nous étions des alliés naturels. Les révolutionnaires allaient donc devoir choisir entre un allié ou un ennemi coriace. 
Ouf ! Je respirais mieux.
 
Pour éviter que l’équipage s’ankylose, je mis sur pied un programme de culture physique en après-midi suivi de pratiques au combat. Les jumeaux, surnommés Pile et Face, deux jeunes blondinets sans une once de graisse, les muscles sur les bras tressés comme les torons d’un câble,  en profitèrent pour faire la démonstration de leurs talents. Ils pratiquaient une technique de combat  pas piquée des vers qui combinait des  mouvements de diverses disciplines. Ils avaient appris de leur père, un mercenaire à la solde de l’armée révolutionnaire.
 
Je songeais à embaucher quatre autres matelots pour compléter l’équipage. La taille du navire pouvait facilement en supporter une douzaine. Même si j’en comptais deux pour Drago, le compte n’y était pas. Il manquait deux canonniers et deux voiliers à tout le moins. Il m’aurait fallu également un pilote professionnel pour remplacer la verrue. En l’état actuel, nous serions une prise facile pour un adversaire. On ne pouvait pas toujours compter sur l’avantage de la vitesse pour se tirer d’affaire.
 
J’y verrais au cours des prochaines semaines. L invitation de mon affiche attirerait sûrement une foule de candidats. J’aurais alors l’embarras du choix. Satisfait, je contemplai le soleil s'éteindre dans la mer.




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MessageSujet: Re: Paprika   Paprika Icon_minitimeVen 26 Fév - 5:40

Panique à bord du Loup des mers !

Nous avions donc décidé de faire un saut sur une île quelconque pour dévaliser une banque et piller un supermarché afin de renflouer notre garde-manger. Restait encore à déterminer l’heureuse élue parmi les îles de North Blue. Le tournoi du mois se préparait sur Suijou Deporte dans les prochains jours. Tous les habitants de l’île convergeraient sans doute sur le Colisée pour l’événement. On ne pouvait rêver d’un meilleur moment pour faire main basse sur les économies de la classe moyenne. J’arrêtai donc ma décision :
'' Timonier. Cap au sud-est. Direction Suijou Deporte.''

L’après-midi s’écoulait normalement. Notre navire labourait sans effort un sillon dans la chair liquide de l’océan; le soleil bronzait gratuitement la peau de mes matelots traînant leurs carcasses graisseuses comme des escargots sur le pont; le vent bougeait à peine le tissu crasseux des voiles quand soudain la vigie dans sa tour poussa un hurlement à en réveiller les morts. Le sang ne fit qu’un tour dans nos veines, le poil se hérissa sur nos membres velus, des frissons sous-cutanés ébranlèrent nos muscles. La vigie pointait à bâbord, agitant frénétiquement ses doigts osseux, les yeux exorbités, la mâchoire pendante.

Tous se ruèrent à bâbord et se penchèrent par-dessus le bastingage et là nous vîmes…à dix mètres sous la surface, nous vîmes une ombre gigantesque aux contours flous glisser subrepticement sous le navire. Chacun retint sa respiration, les traits crispés, la peau blanche comme de la farine. Le navire ondula. Un silence mortuaire s'installa. Personne n’osait bouger un muscle de peur de signaler notre présence. Précaution inutile car soudain une montagne de chair grise jaillit hors de l’eau à proximité du navire, agitant ses tentacules gélatineuses. D’énormes protubérances visqueuses émanaient de cette masse difforme, des cornes, des épines, des appendices biscornues. Qui l’eut cru ? Aucun documentaire sur la Mer du Nord ne faisait référence à un monstre pareil. La vision infernale glaçait le sang. Une vague de sueurs froides traversa les matelots couverts de chairs de poule, les nerfs à fleur de peau et  secoués de frissons.
'' C’est le diable,'' cria le boiteux qui recula en boitant.
'' Il nous regarde avec ses yeux,'' hurla la mouche terrorisé.
'' Nous sommes perdus,'' soupira le jumeau Pile
'' Nous sommes perdus,'' soupira le jumeau Face.

Prenant mon courage à deux mains, j’ordonnai aux matelots de se ressaisir et de se mettre en ordre de combat. Nous allions vaillamment défendre notre peau, dis-je pour rassurer mes hommes. Aux canonniers je commandai de préparer les canons. Drago saisit sa hâche de 7.2 kilos à deux tranchants. Le boiteux chargea un vieux mousquet. Robin l’archer, embauché récemment, prépara ses flèches empoisonnées. Je dégainai mon sabre prêt à en découdre.
'' Il s’agit d’un poulpus métamorphus affamé,'' affirma Drago. ''Nous sommes dans de beaux draps.''

Nous étions des proies faciles, pourtant la bête n’attaquait pas. Stationnaire à dix mètres du bateau elle traçait des formes dans l’air avec ses tentacules.
'' Mais pourquoi il fait des simagrées comme ça ? Il veut nous attaquer ou quoi ?'' pleurnicha la mouche.
'' Attendez ! Je me trompe,'' reprit Drago. ''Restez calmes. C’est un mimus marinus. Un mime des mers. Il veut jouer à la charade. Regardez, il tente de nous communiquer quelque chose. Ok les gars, il faut essayer de deviner ce qu’il veut dire. ''
En réaction, le monstre souleva un appendice en forme de doigt.
'' Mon premier est…'' devina Drago. ''Regardez, il se frotte le ventre en faisant des mouvements circulaires. Ça voudrait dire quoi ? Il faut jouer le jeu les gars, sinon il pourrait se fâcher.''
Chacun avança un mot pour résoudre la charade –faim, mal de ventre, manger, aliments- mais chaque fois la bête branlait sa tête de gauche à droite, de plus en plus impatiente.
'' Je crois qu’il veut dire bon, vous savez comme les enfants qui se frottent le ventre pour dire qu’ils ont aimé.'' Convaincu d’avoir la solution je m’écriai : ‘’Bon ‘’

Aussitôt la bête projeta ses tentacules dans les airs en signe d’approbation. Ensuite elle montra deux appendices pour imiter les doigts d’une main.
'' Ok,  mon deuxième est…'' poursuivit Drago s’improvisant arbitre du jeu. ''Maintenant elle fait de grands signes avec ses tentacules en montrant le ciel, les nuages, le soleil. Ça veut dire quoi ? C’est plutôt vague là….''
Les matelots risquèrent des mots les uns après les autres – soleil, air, vent, ciel- mais la bête n’acceptait rien. Il y eu un silence, une hésitation puis un des jumeaux cria :
'' jour! ''

La bête toute excitée leva des tentacules dans les airs et  les frappa ensemble plusieurs fois comme pour applaudir. Je faillis applaudir aussi en collant les deux mots ensemble.
'' C’est ça !  Bon et jour, ça fait quoi ? Ça fait bon…jour. Elle nous dit bonjour.''
'' Quoi ? Elle ne vas pas nous bouffer?'' demanda la mouche tout confus.
'' Je ne croirais pas,'' le rassura Drago. Pourquoi la bête prendrait la peine de nous dire bonjour si elle avait prévu de nous dévorer ? On devrait peut-être lui donner de la viande. Nous avons beaucoup de saucisses. Les jumeaux, apportez des saucisses, on va lui en lancer. ''

Mais à ce moment précis un animal énorme émergea à côté du mimus, soulevant une vague de 5 mètres qui ébranla le navire. Ce monstre de la taille d’un cachalot, une sorte de mutant fait de pièces détachées aurait mérité la palme de la monstruosité. Une horreur indescriptible.  
'' Là j’en suis certain, c’est bien un poulpus metamorphus,'' affirma Drago. ''Mais d’où sortent tous ces monstres? Ces poulpus sont féroces et sanguinaires.''
Effectivement le monstre se jeta sur le mimus et saisit une de ses tentacules dans sa gueule. Un combat titanesque s’engagea entre les deux bêtes colossales. Nous étions témoins d’un événement rarissime. Tous les gars sans hésiter prirent parti pour mimus mais c'était parier sur le mauvais cheval car le combat avantageait le poulpous, un prédateur vorace.

'' Nous devons aider Mimus,'' décida Drago.
Lui qui ne manquait jamais sa cible lança sa hache de toute sa force. L’arme fendit l’air et s’enfonça dans la tête du poulpus qui lâcha mimus et se tourna vers le navire. Sans perdre de temps Robin l’archer décocha trois flèches en série à une vitesse étonnante. Une des flèches se ficha en plein dans un des yeux du poulpous, les autres s’enfoncèrent dans la chair molle autour de l’autre oeil. Le monstre émit un hurlement démentiel au point que la pression des ondes sonores gonfla les voiles du navire qui tangua dangereusement. Le poulpous en colère voulut charger notre embarcation et se rapprocha en agitant ses appendices. Il se trouva juste dans la ligne de mire de nos canons. Sans hésiter je commandai de tirer :
'' Canonniers. Feu !''
Un des boulet à chaîne sectionna deux tentacules du monstre. L’autre boulet disparut dans son crâne. Du liquide rouge et vert jaillit en abondance de ses blessures. Atteint mortellement le poulpous vacilla, parut désorienté puis cessa de se débattre. Ce dernier boulet avait eu raison de la bête. Nous la vîmes s’enfoncer dans l’abîme et disparaître à jamais.  

Les matelots applaudirent mais pas longtemps car il restait mimus. Nous ne savions pas à quoi nous attendre mais aucun de nous se porta à l'attaque. La bête s’approcha lentement du navire, sa tête dépassant de trois mètres le niveau du pont. Ses grands globes oculaires parcourus de reflets de jade nous inspirèrent confiance. Cet animal semblait exempt de malice. Il nous regarda tour à tour puis passa deux de ses  tentacules par-dessus le parapet. Nous ne bougions pas. Les appendices gélatineux frôlèrent les hommes. Les jumeaux furent les premiers à toucher la peau luisante de l’animal puis chacun voulut palper comme pour graver dans leur mémoire cette incroyable rencontre. Pour finir, la bête retira ses tentacules et s’éloigna calmement.
J'étais à la fois soulagé et émerveillé.
'' J’aurais jamais pensé faire copain-copain avec une bête semblable. Personne ne nous croira, ça c’est sûr. Allez les gars, en route pour Deporte ''




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MessageSujet: Re: Paprika   Paprika Icon_minitimeMar 1 Mar - 19:54

Bouteille à la mer
 
Quelle bande de fanatiques sur cette île ! Ça se promène en se dandinant, la peau cuite au soleil, exhibant à tout venant leurs pectoraux gonflés, prenant des poses sexées. N’ont-ils rien d’autre à faire ces Deportiens? Des dépravés exhibitionnistes et narcissiques, voilà ce qu’ils sont. Tout dans les bras et rien dans le crâne. Nous traiter avec condescendance, nous regarder de haut comme s’ils voyaient des spécimens d’une espèce sous-évoluée. Ça, je l’ai mal pris. J’ai bien failli commander à mes hommes de fesser dans le tas. Moi, je déteste le monde borné qui se prend au sérieux. Tout miser sur la beauté corporelle rend les gens prétentieux, égoïstes et superficiels. Nous avons pu le constater dès le premier contact. Trois hommes à demi nus nous apostrophèrent sans même se présenter.
‘’ Vous venez vous inscrire au tournoi? ‘’
Plus superficiel que ça, tu meurs ! Je m’efforçai de contrôler ma hargne et répondis d’un ton le plus affable possible.
‘’ En effet, nous désirons nous inscrire pour le tournoi mais d’abord il nous faut passer à la banque pour faire un dépôt. Auriez-vous l’amabilité de nous indiquer la direction pour l’établissement bancaire le plus près, je vous prie? ‘’
Une telle orgie de politesses. Je me dégoutais.
 ‘’ Pas difficile, il n’y en a qu’une. Prenez la rue principale vous ne pouvez la manquer. Dans quelle discipline allez-vous concourir? ‘’
‘’ Discipline ??? Que voulez-vous dire ? Ah d’accord, discipline ! Oui, un moment s’il vous plait je consulte mon équipe. ‘’
Je ne l’avais pas prévue celle-là. Je me tournai vers mes compagnons et chuchotai :
‘’ Quelqu’un de vous a une idée ? Faudrait trouver quelque chose pour les impressionner.’’
Drago me proposa un terme savant tiré de sa longue éducation. De quoi leur en boucher un coin à ces prétentieux. Ravi, je me tournai vers les Deportiens
‘’ Le Kamasutra. Nous sommes des experts de cette discipline.’’
‘’ Connais pas. Pourriez-vous nous faire une démonstration? ‘’
‘’ Ah, un p’tit rusé, hein. On dévoile nos techniques seulement en compétition. Désolé. ‘’
Suite à cet échange superficiel nous nous engagions sur la voie principale  Je comprenais mal pourquoi Drago riait autant. Il me regardait, se retournait et riait. Ce n’était pas dans ses habitudes.
'' Pourquoi tu ris, toi ? ''
'' Rien,'' répondit Drago mi-sérieux.
 
Notre passage sur Siujou Deporte fut bref. Nous avions un but précis et pas l’intention de traîner. Deux équipes : Drago et moi, direction la banque; la mouche et l’archer au supermarché avec une liste d’épicerie et, tenez-vous bien, de l’argent pour payer. Trop facile de dévaliser une banque dans cette ville. Très peu fréquentée, nous avons sagement attendu le départ du seul client. Le seuil de la porte à peine franchi que la caissière leva les bras dans les airs. Drago neutralisa le gardien, le gérant et la caissière furent ligotés et l’affiche ‘’fermé’’ posée sur la porte. Pas de mort. Du travail d’artiste !  Un joli magot.

De retour sur le Loup des mers Drago m’avait expliqué sa plaisanterie. Sacré farceur ce Drago. Je me méfierais désormais. Je découvrais un homme moins sombre qu’au début. Le temps referme les blessures.
Tout en rangeant l’épicerie, la mouche n’en revenait pas de l’inventaire de leur supermarché.
‘’ De la laitue, des carottes, des herbages de toutes sortes. Ce sont des lapins ou quoi ! Croyez-le ou non, il y avait une rangée complète d’étagères pleines de bouteilles de pilules. Des pilules !‘’
‘’Au moins leurs banques sont bien garnies, dis-je en comptant les pièces d’or. Mouhahahaha.’’
 
Je suis capitaine mais je ne cherche pas à régner par la terreur. Avoir du plaisir est permis. Mes hommes s’expriment librement. Ils connaissent les lignes rouges à ne pas franchir car je peux me montrer impitoyable. Ils le savent.
Bilan de la journée. Positif.
 
Le lendemain, un dimanche, je décrétai un jour de repos. La mer était calme. Une brise molle taquinait les voiles. Il faisait bon juste de vivre, fumer, boire un coup. Le calme s’installa, le clapotis des vagues contre la coque en bruit de fond, chacun enfermé dans ses pensées. Soudain un cri de la vigie dans sa tour déchira le silence :
‘’ une bouteille à la mer.’’
Tout le monde se dressa et s’approcha du bord. Un des jumeaux sauta à l’eau pour récupérer la bouteille et me la tendit.
‘’ On ne devrait pas l’ouvrir, intervint le boiteux. Il pourrait s’agit d’un génie malfaisant ou pire encore de la malédiction de Casimir le vampire. ‘’
La mouche sursauta.
 ‘’Hein ?  Casimir le vampire ! Où tu vas chercher ça, le boiteux ? ‘’
‘’ Il s’agit d’un pirate qui terrorisait les mers à l’époque de Barbe Blanche. Lui et tout son équipage buvaient le sang de leurs victimes qu’ils emprisonnaient dans la cale du navire. Un jour il fut encerclé par la flotte de Barbe Blanche et sommé de se rendre. Il refusa bien entendu. Les pirates de barbe blanche donnèrent l’assaut mais ne trouvèrent absolument personne. Casimir possédait un fruit du démon capable de réduire sa taille et celle de son équipage. Il les réduisit tous à la taille de souris et les cacha dans un bouteille qu’il scella et dissimula sous son lit. Il promit de les récupérer plus tard et se réduisit lui-même pour échapper aux assaillants. Manque de bol, Barbe Blanche commanda qu’on coule le navire. Ainsi la bouteille tomba dans la mer. Casimir ne réapparut jamais. On raconte que ceux qui ouvriront la bouteille libéreront tous les fantômes sanguinaires de l’équipage de Casimir et eux prendront la place dans la bouteille. ''
'' Bof, moi je n’y crois pas, déclara Drago. C’est sûrement une légende urbaine. 
 
Il fut décidé à l’unanimité d’ouvrir la bouteille. Même le boiteux vota pour. Un peu embarrassé il déballa une série d’excuses : il voulait juste rapporter une histoire entendue, il n’avait pas peur, il n’y croyait pas vraiment…
Je secouai la bouteille. Il en sortit un tissu enroulé et ficelé. Je coupai la corde et déroulai le matériel jauni.
‘’Une carte ! On dirait une carte de la mer du nord,’’ s’exclama la mouche.
‘’ Je dirais plutôt East Blue, ’’ suggéra Drago. Il y a un petit X de marqué sur cette île-là. Un trésor, vous pensez ?’’
Puis il ajouta en pointant de son index.
‘’ Regardez les initiales au bas de la carte.  GDR. Ça ne peut être que Gol D Roger. ‘’ 
 
Tous se distancèrent, incrédules, cherchant dans le visage des autres une réaction appropriée. L’idée que le One Piece puisse se trouver dans une des mers inférieures leur parut trop ridicule, à la limite blasphématoire. Je ne partageais pas nécessairement cette opinion.
‘’Ce n’est pas impossible, vous savez. Il y a toujours une version officielle des faits, celle que tout le monde raconte pour l’avoir entendue ad nauseam. Gol D Roger savait bien que tout le monde  penserait qu’il avait caché son trésor sur Rough Tell, puisqu’il était le seul a avoir atteint cette île, la dernière de Grandline. Il avait entre les mains tous les éléments pour monter un formidable leurre et n’a  pas résisté à l’activer. Tous ont mordu à l’hameçon et la course au trésor était lancée sur une fausse piste. Pendant ce temps-là,  le trésor repose ailleurs en toute quiétude. D’ailleurs, d’après la légende,  Roger n’a pas dit à Barbe Blanche que le trésor était sur Rough Tell. Il lui a offert de lui révéler le secret pour se rendre sur l’île. On peut seulement présumer qu’il existe un passage secret. ‘’
Je pris une gorgée de vin avant de poursuivre sur ma lancée.
‘’De plus, pensez-y une minute. Après son retour de Rough Tell, Gol D Roger a libéré son équipage. Si trésor avait été caché là-bas, toute l’équipage le saurait. Pensez-vous une minute qu’une cinquantaine d’hommes pourraient garder ce secret bien longtemps ? Jamais. Conclusion : Gol D Roger était seul lorsqu’il a caché son trésor. Et il l’a caché bien avant d’aller sur Grand Line. Moi je vous le dis.’’
Il y eut un silence, chacun fouillant dans ses pensées pour trouver des réponses. Je perçus une onde négative traverser l’esprit collectif de l’équipage. Déception, désillusion. Trop de questions en suspens. Je voulus réagir pour remonter le moral de la troupe.
‘’Écoutez les gars, nous ne sommes pas hors jeu. Je compte bien m’y rendre sur Grandline mais il faut avoir fait nos marques avant de s’y aventurer. Cette mer fourmille de pirates expérimentés qui ont travaillé avec des célébrités telles que Barbe Blanche, Shank le Roux, Barbe noire. Ces personnages sont décédés mais d’autres les remplacent. La tradition se perpétue et rien ne changera tant et aussi longtemps que le One Piece ne sera pas découvert. S’il existe bien sûr. ‘’

Drago n’abandonnait pas l’idée de poursuivre la quête du One Piece d’après les règles.
‘’Encore faudrait-il trouver le moyen d’y entrer sur Grand Line. Peu de navires parviennent à passer Reverse Mountain.’’
‘’Pourquoi ne pas prendre un raccourci par le Calm Belt.?‘’ demanda un des jumeaux.
‘’ C’est à cause des monstres,’’ répondit la mouche.
Le jumeau Pile s’attendait à cette réponse. Entre lui et son frère il était le plus loquace.
‘’ Les monstres ? Nous en connaissons un monstre. Mimus pourrait peut-être nous aider à traverser Clam Belt.  Nous ouvrir la route. ''
Drago en douta ouvertement :  
‘’ Tu plaisantes. Mimus n’a pas la force pour frayer un passage. Tu as vu, il a fallu le défendre contre le poulpe géant. Sans nous, ce dernier n’aurait fait qu’une bouchée de mimus. Pas fou comme idée quand même…’’
'' Il a l’air très intelligent cet animal. Je me demande si on va le revoir,'' ajouta Pile d’un air songeur.  
Je trouvais l’idée pas mauvaise.
'' Il faudra y réfléchir. Mimus a peut-être des copains.''

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