Que faire dans une petite barque ?

La mer.... Voilà ce que Dimitri adorait. Le souffle frais de la brise qui soulevait ses fines mèches blondes. Le doux remous des vagues qui faisait tanguer sa petite barque fraîchement volée. La mer qui se fondait dans le ciel à l'horizon. Tout ceci était la liberté à laquelle aspirait ce jeune homme.

Il ne ramait pas, il ne cherchait pas à connaître sa destination, non... Il préférait se laisser porter là où cette vaste étendue d'eau voudrait bien l'emmener.
Allongé de tout son long, ses mains rassemblées derrière la tête, il regardait simplement les nuages déambuler au-dessus de lui. Des oiseaux entrèrent dans son champs de vision et c'est alors que, à l'instar de ces petits volatiles, son esprit se mit à virevolter dans ses souvenirs. Des souvenirs flous et lointains d'une enfance qu'il aurait vécue. Enfance pendant laquelle il pouvait courir, sauter et vaquer à n'importe quelle occupation. *La belle époque...* pensa-t-il quelque peu mélancolique. Mais tandis que cette image l'emmenait vers ses rêves les plus fous, une tache apparu devant ses yeux, puis une autre et encore une jusqu'à ce que cette vision soit totalement remplacée par des souvenirs plus récent et ancrés bien plus profondément dans sa mémoire. Il sortit dès lors de sa torpeur dans le but d'oublier ce passé déplaisant. Il s'assit, regarda autour de lui et déplora subitement tout ce qu'il adulait quelques lignes plus tôt. La brise et les vagues étaient trop douces pour faire avancer cette barque minuscule et ces grandes étendues d'eau et ce ciel infini commençait quelque peu à le lasser. Certes ceci était beaucoup plus attrayant que ces espaces clos et restreints qu'il avait si souvent côtoyer mais cette traversée devenait beaucoup trop calme et, par conséquent, décevante.

Assis sur son embarcation, les bras autour de ses genoux écartés, il réfléchissait à une façon de se distraire. *Abrégeons au maximum mes souffrances, si seulement une charmante demoiselle avait pu m'accompagner. Je serais à cet instant le plus heureux des hommes !* Il sortit son zippo de sa poche, l'ouvrit et le ferma plusieurs fois jouant ainsi avec la légère flamme qu'il produisait. Puis il arrêta ce jeu enfantin et fixa cette somptueuse flamme qui dansait devant ses yeux, sans s'arrêter, faisant face au vent qui l'enjoignait de se dissiper sous son souffle. *Je serais toujours comme cette flamme. Souple mais ferme face à l'oppression.* Il rangea ensuite son briquet, l'envie de fumer n'étant pas venue et son occupation ayant épuisé toute son attention, il se devait de se trouver une autre activité.
Ainsi, il se pencha sur le bord de sa nouvelle barque et regarda son visage fin se refléter sur l'eau. *Quel bel homme ! Elles pensent sûrement toute ça en me voyant...* Il esquissa un sourire, il aimait jouer de ses traits fins que ce soit pour séduire les jeunes femmes en fleur qu'il appréciait tant ou pour tromper ses ennemis qui, enclin à juger le physique, ne le prenait que très rarement au sérieux. Mais il ne pouvait pas passer son temps à contempler, tel Narcisse, son reflet. Il plongea donc sa main à l'endroit où se trouvait son reflet, déformant ainsi celui-ci, puis passa le liquide froid sur son propre visage et se mit à ramer. *Il est tant pour moi de me mettre en mouvement, je ne compte pas attendre sagement qu'une île se présente à moi.*

Il continua alors son action, sans s'arrêter jusqu'à ce qu'il aperçoive une île. Hivernale d'après ce qu'il pouvait en voir. *Ça risque d'être radieusement plaisant... Je n'ai pas de quoi me couvrir !*