Une lumière parmi les ténèbres [Cali/Tournoi]

De Blooms je suis donc née
Ici je m'éteindrai.
Et dire que je m'étais promis
Autant à moi qu'à mes amis
Que jamais je ne me détruirai
Pareille à un jouet cassé.

Pourtant telle une allumette
J'en n'ai fait qu'à ma p'tite tête
Je l'ai bêtement enflammée
Et je suis lourdement tombée.
Voilà à quoi je me réduis
Ô Courte et pathétique vie !


Une pauvre fille a failli,
Une sale gosse qui ici
N'a apporté que des choses immondes.
A quoi bon rester ici en ce bas-monde
Si toutes les personnes qu'on a aimé
Ne sont plus là pour nous supporter ?

L'alcool n'a en réalité rien fait,
Du moins rien fait d'affairé.
Il n'a que ralenti l'heure décisive
Où je prendrai bientôt ma missive
Et m'en irais rejoindre à la hâte
Cette gigantesque salle si étroite.

Car pour moi ce que les gens appellent le purgatoire
N'est rien d'autre qu'une monstrueuse foire
Où chacun attend avec appréhension sa sentence.
L'Enfer ou le Paradis ? Quelle pénitence !
Mon âme n'a sa place nulle-part
Autre qu'aux côtés de mon Kenar.

Alors pardonnez mon égoïsme et mes périodes de crise
Car après tout je suis toujours restée incomprise.
Mais de là où vous êtes je sais que vous êtes en sécurité
Là où nulle barrière ne pourrait vous entraver.
« Une dernière volonté ? » Me questionné-je sans regarder
Cette affreuse assemblée venue me voir crever.

Relevant le visage vers tous ces enfoirés
Je leur ris pudiquement au nez.
Et en avalant les ultimes gouttes de ce poison
Qui m'a détruite durant ces nombreuses saisons,
Je laisse tomber ma bouteille de rhum au sol
Qui avant de se briser tourne comme une boussole.

- « Allez tous vous faire voir, nobles de mes deux !
Pauvres riches, vous ne valez vraiment pas mieux
Que ces guignols qui se prétendent être des dragons.
Célestes qui plus est, vous n'êtes que des wagons
Tirés par une vieille locomotive rouillée par les années
Qui se dirige droit vers un solide et pur pilier. »

- « Faites la taire bande d'incapables ! »
Rugit un grand homme à la voix désagréable.
- « Ce n'est pas la peine pauvres fous. »
Rétorqué-je, prise d'une quinte de toux.
- « Parce que ce que je viens de mettre dans mon gosier
N'est rien d'autre qu'une boisson faite d'impuretés.

Car je ne serais pas partie en vain
Je vous ai au moins empêché de mettre la main
Sur ce qui permettrait aux Hommes de ne faire qu'un. »
A ces mots je me laisse tomber à la renverse
Un fin sourire aux lèvres sous cette averse
Qui martèle ma peau déjà abîmée
Par toutes ces années passées à vos côtés.

Papa, maman, ne m'attendez plus, je suis là.
Excusez-moi, pardonnez-moi, mes chers nakamas
Car peu importe où je vais désormais
J'emporterai avec moi ce lourd secret
De toute façon je pense que vous le connaissez
Je vous le lègue, allez donc le chercher !

Riez...
Buvez...
Mangez...
Fêtez...
Allez...